Penser n’est pas croire ! Mais qu’est ce que penser ? |
Dans un monde, qui sombre chaque jour un peu plus dans une confusion généralisée, cette affirmation et cette question s’imposent comme indispensables à tout travail d’analyse respectable. D’évidence elles devraient être d’ailleurs préalables à toute velléité de connaissance, mais ce truisme s’est délité. Ecrire et/ou dire indifféremment « je pense que » ou « je crois que » ne semble plus poser le moindre problème aux intellectuels contemporains, d’abord et surtout les médiatiques mais en existe-t-il (en est-il (re)connus?) d’autres...? Et je n’ai pas souvenir d’avoir entendu un seul journaliste, faire acte déontologique, en demandant de préciser : « Croyez vous, ou bien, pensez vous, que… ? ». Cette régression sémantique s’est répandue sans aucun frein dans tous les secteurs de nos sociétés. Pourtant la résurgence du théologique au sein même de la « république » dite laïque devrait susciter (exiger !) une résistance farouche et déterminée sur le sens du mot penser qui fonde notre humaine spécificité ! Et le premier repère pour affronter le tumulte se trouve sans peine dans l’étymologie….
Les deux termes, d’évidence, sont donc historiquement antinomiques et s’opposent par définition. Pourtant, très tôt, les « philosophes », les « intellectuels » enfin tout ceux qui pensent (ou « croient » penser!) ont introduit, sous couvert d’approfondissement, de l’ambivalence donc de l’ambigüité, dans ses significations. Il est bon de rappeler que, par exemple et pour ne citer qu’eux deux, Descartes et Pascal sont contemporains d’un temps assujetti au pouvoir religieux et aux convulsions dramatiques consécutives à la Réforme Protestante. Les deux sont issus d’une éducation religieuse, jésuite pour le premier et janséniste pour le second, ce qui participe peut être à expliquer le retournement mystique de ce dernier.
De fait ce sont deux esprits formatés à une doxa théocratique dont ils n’ont pu, malgré leurs méritoires efforts, totalement s’absoudre. Et, il est d’ailleurs surprenant de constater que ces deux références (parmi bien d’autres d’ailleurs !) incontournables et fondatrices de la pensée moderne ne soient jamais envisagées (et critiquées !) à la lumière de leurs déterminismes culturels, comme si leur indéniable fécondité intellectuelle les prémunissait de tout servitude inconsciente. On mesure déjà, à quel point, ce travail de dissociation de sens, entre croire et penser, peut s’avérer culturellement labyrinthique. Essayons toutefois…
Alors, considérons définitivement avec Alain, et comme acquis que dans le champ des croyances, la religieuse n’est qu’aliénation et appliquons nous d’abord à débusquer les autres là où elles sont à priori bannies, et en tout premier lieu dans ce que l’on nomme et englobe par le mot science(s)3. Alors que « le noble physicien» (tout est dans « noble » !) qu’il nous présente en contrepartie4 n’est certainement pas, déjà à son époque, une espèce commune il est à craindre qu’il ne soit plus qu’extrême rareté dans la nôtre. Car la frontière que le philosophe tentait d’ériger symboliquement entre ce dernier et ceux qui … « cherchent dans les sciences quelque chose qu'ils puissent croire, (…) s’accrochent aux idées avec une espèce de fureur ; et si quelqu'un veut les leur enlever, (…) sont prêts à mordre », certainement déjà illusoire de son temps n’est plus, à de rares exceptions près, qu’idéaliste prétention. D’abord parce que la formation universitaire des femmes et hommes de science ne les immunisent en rien de leurs déterminismes sociaux et culturels mais bien au contraire y superpose le formatage éducatif et le carcan du savoir « consacré », incontournables « fourches caudines » pour accéder à l’élite; tout en les soumettant simultanément à une compétition féroce et arbitraire (légitimée par celle qui les attend dès l’obtention de leur diplôme) certainement peu propice à travailler « sans fièvre » et à recevoir « les objections comme des amies » 3. Tout concourt dans ces parcours de futurs
« chercheurs » à produire des individus retors et égocentrés, ce qui ne peut, à terme, que dévoyer leur potentielle pensée en doctrine et leurs velléités d’indépendance en pure orthodoxie. En fait apprendre à penser est aux antipodes de ce qui précède ; et on pourrait même supposer que par conséquence il (l’acte) a tout simplement disparu. En se limitant au champ des sciences modernes (dites « exactes » ou « dures » parce que fondées sur la déduction logique – en fait le simple calcul mathématique !) il n’est pas si difficile d’en faire une simple et rapide démonstration à partir d’abord des seuls prémisses étymologiques du terme.
Parallèlement pour tenter d’admettre et de comprendre l’apathie et la servilité de toute cette indéniable intelligence il est nécessaire de les contextualiser et de se débarrasser de la croyance ou de l’idée reçue que le champ scientifique est, par essence, autonome et indépendant, bien que bon nombre de ces acteurs (naïfs ou pervers) continuent à en perpétuer l’illusion….
En fait il y a déjà belle lurette que l’assujettissement de la recherche scientifique aux intérêts de la production industrielle capitaliste a balayé la vision idyllique d’un comportement contemplatif, détaché et aléatoirement fécond. L’acte de penser (même en recherche fondamentale) s’est recroquevillé, soumis aux contraintes de l’efficacité productiviste et mercantiliste. Et c’est une superposition sémantique qui l’a progressivement vidé de sa substance par la prééminence progressive d’un faux synonyme : Rationnaliser ! Nous sommes peut être là face à un extraordinaire détournement de langage, une spoliation de sens, aujourd’hui au profit de la doxa néolibérale, qui légitime par l’apparence du logos (nous y revoilà !) la démence de ses chimères.
Car, la réalité (du moins ce global artifice culturel où nous baignons et que la majorité d’entre nous considèrent aujourd’hui comme telle !) n’a jamais eu de représentation plus « raisonnée ». Et pourtant, même pour le plus faible des esprits un tant soit peu lucides, elle ne peut manquer de se révéler, un peu plus chaque jour, totalement impensée (cf. ci-dessous le chapitre sur la « mécanique quantique »). La révolution industrielle (technologique) couplée à la privatisation des moyens de production, à la division du travail et à sa « rationalisation » ont, en une centaine d’années, généré une mutation radicale et probablement irréversible de la condition humaine sans que le processus à l’œuvre ne soit, en fait, jamais globalement réfléchi (au sens propre comme au figuré)8. Avec pour seul argumentaire à cette dite « évolution » les idées de progrès et/ou de modernité (étymologiquement et respectivement « la marche en avant » et « ce qui est récent, d’aujourd’hui » (sic) !). Quelle fantastique, mais, à postériori terrifiante, tautologie pour nous régir ! Mais également quelle remarquable confirmation de notre incapacité collective à penser notre monde ! Et pourquoi persistons nous à confondre avancer avec s’améliorer ? Peut être parce que la « raison », substitut consensuel de pensée, s’est imposé par son indéniable efficacité matérielle ; même si les guillemets s’imposent afin de souligner l’ambivalence du terme et de permettre d’établir ce qui se dissimule derrière sa signification actuelle.
Il est facile de constater chaque jour, à l’écoute quotidienne des médias dominants, que la légitimité intellectuelle de la société contemporaine mondialisée s’organise essentiellement autour de l’ « expertise scientifique » dont la véracité est, à priori incontestable, parce que justement « scientifique » ! Cette autolégitimation, catéchisme des mass-médias, eux mêmes asservis à un modèle hégémonique (plus ou moins conscient) d’autocélébration, est aujourd’hui l’un des principaux vecteurs de la propagande néo libérale. D’autant que cette altération majeure de l’information (et donc de la possibilité de la connaissance) s’inscrit, s’organise, s’auto-génère au sein de la phénoménale expansion des dites « nouvelles technologies numériques» et du déferlement marketing qui la valide et la promeut !
Rares (et bien évidemment peu relayés) sont ceux qui osent résister intellectuellement à cet ensevelissement de la pensée par la logique de la modernité, et qui entrevoient la modification radicale qu’engendre ce totalitarisme technologique sur notre perception du monde. En moins d’un quart de siècle la « révolution numérique »11 a transmuté la totalité des activités humaines, individuelles et collectives ; et cette rationalisation/réification du réel est affichée, « vendue », comme un incontestable et irréversible progrès. La puissance supposée illimitée de calcul qu’offre l’évolution des microprocesseurs (miniaturisation des composants, projet d’ordinateur quantique), conjuguée à son apparente efficience dans tous les domaines, jugulent chaque jour un peu plus la possibilité sereine et reconnue de toute analyse critique. Aujourd’hui « connaître »le monde consiste plus à le « modéliser » qu’à le comprendre, à tenter de prévoir et encadrer les changements que provoquent le productivisme consumériste (organisation du travail salarié, climat, santé, urbanisme, paix sociale, etc.) plutôt que de le penser, soit en l’occurrence de questionner et d’évaluer les choix qui le régissent et de tâcher d’en organiser la destinée. Et pour couronner cette inexorable dérive la réactivation récente du courant « transhumaniste » (l’homme augmenté), mythe ressassé et délirant de la « quête d’immortalité » ou de « la fontaine de jouvence », s’affirme comme l’irrésistible vitrine d’une humanité enfin débarrassée des insupportables contraintes liés à sa condition d’ « être vivant ». La croyance, souvent affirmée de manière péremptoire et arrogante, en un progrès scientifique exponentiel et omnipotent susceptible, grâce à la convergence des nanotechnologies, de la biotechnologie, de l’informatique et des neurosciences, de « produire » une surhumanité laisse parfois sceptique quant à la bonne santé mentale de ses prosélytes.
Puisque d’une part elle promet et promeut d’hypothétiques « marchepieds » vers l’immortalité, comme « la réalité simulée », « l'intelligence artificielle forte », « le téléchargement de l'esprit » et « la cryonique » tout en faisant fi de la finitude avérée de notre planète et des ressources qu’elle nous offre. A moins bien sûr (et certains n’hésitent pas à le faire) de limiter ces « bienfaits » à une partie de l’humanité (celle qui peut payer !) quitte à condamner (voire éliminer physiquement) le « rebut »12. Mais ne sommes nous pas déjà dans cette configuration ? Et ne faut-il pas voir dans ces apparentes élucubrations que les manifestations euphoriques d’une réalité socio-économique déjà pleinement à l’œuvre qui augmente nos capacités (ou nous le fait croire) par des prothèses (dites de communications) high-tech de plus en plus sophistiquées et addictives ?
In fine, la superposition (confusion !) entre science et technologie semble consommée laissant idéologiquement le champ libre au libéralisme mondialisé…
De plus cette absorption progressive de la recherche fondamentale par la technologie se trouve en quelque sorte verrouillée par la division sociale du travail, pierre angulaire de l’objectif d’efficacité du productivisme capitaliste et qui n’a bien évidemment pas épargné les laboratoires de recherche. D’autant que leurs privatisations concomitantes les contraignent à privilégier les objectifs « rentables » à court terme et à se soumettre aux principes de compétition (donc de secret), fondamentalement antithétiques avec ceux d’une ambition désintéressée de connaître. Car, il est difficile de nier que le cloisonnement des disciplines, les enjeux économiques, les rapports de pouvoirs et le carriérisme, l’assujettissement aux modélisations informatiques et aux technologies censées rendre compte rationnellement du réel, etc. constituent de solides obstacles qui limitent considérablement l’accès à la connaissance fondamentale. D’autant qu’ils entravent, bien évidemment, l’émergence et la mise en œuvre de toutes hypothèses ou projets de recherche dissidents.13
Pourtant l’artifice, de plus en plus visible, ne suffit plus et force à s’interroger sur l’origine de notre impuissance collective à changer, à combattre des méfaits qui nous sont indubitablement révélés, mais auxquels nous nous accoutumons, jour après jour, à secouer le joug de notre soumission volontaire à une organisation sociale ostensiblement inique, absurde, indubitablement mortifère !
Alors, pour tenter de répondre à cette essentielle question il faut donc s’enfoncer plus loin dans les fondements doxiques de notre perception du monde car, en fait, tout ce qui précède n’est qu’une description critique de la surface des choses, nécessaire mais insuffisante, inapte à proposer une voie vers de nouveaux paradigmes.
Il faut donc revenir aux sources de la connaissance et, réactivant les sagesses antiques, oser Philosopher…. Non pas comme aujourd’hui où cette activité, fossilisée comme spécificité universitaire, ne prétend plus, à quelques notables exceptions près, agir sur le réel. Mais, en sachant, qu’il s’agit d’embrasser tout le champ de la connaissance, de renouer avec La Physique (« qui concerne l’étude de la nature » du latin physicus repris du grec phusikos donc astrophysique, biologie moléculaire, sociologie, histoire, psychologie, etc., etc.) ce qui n’implique en rien d’être un spécialiste de chaque matière mais simplement d’affirmer que La Connaissance ne peut être parcellaire et que son dépeçage en disciplines cloisonnées n’a, en définitive, pour objet que de privilégier son efficacité pratique (la technologie) tout en l’écartant définitivement de toute influence décisionnelle au sein des pouvoirs religieux, économique et politique. Le savant ou le sachant (celui qui sait) ne sera protégé, honoré et surtout financé que dans la mesure où il saura se maintenir (lui et ses « découvertes ») dans le champ d’action qui lui sera strictement assigné et dont tout manquement à cette règle ne pourra que lui être fatal… L’histoire regorge d’exemples !
Il faut donc à nouveau Philosopher avec l’insolente volonté, bien que l’infime espoir, que cet acte ultime de notre existence au monde, le seul, l’unique, en résonnance intime et consciente avec la structure originelle de notre être, puisse, s’il en est encore temps, esquisser les contours d’une humanité réunifiée à l’univers dont, sans conteste, elle émane et dont elle croit, si stupidement, s’être dissociée.
Or philosopher, n’est ce pas d’abord et avant tout penser ?
Alors commençons par réaffirmer cette apparente banalité : Penser c’est en premier lieu avoir conscience que l’on pense donc que l’on est ! Ce que l’on pourrait formuler également : Pour être il faut penser !
La prise de distance de soi qu’implique la réflexivité, intrinsèque à l’acte de penser, et en l’occurrence, de nos jours, sa cruelle absence m’apparait comme la cause essentielle de l’effondrement civilisationnel qui est en passe de nous anéantir. Il est vrai que notre incapacité collective à nous observer n’est pas un fait nouveau ; l’anthropologie (par exemple!) qui devrait être le champ d’exploration de notre condition humaine a toujours été, à quelques marginales exceptions près, enfermée dans le carcan anthropocentriste de la représentation primitive et mythique de notre place, historiquement élaborée, sur cette planète. Pourtant les méfaits de l’imbécillité ontologique d’une croyance qui attribue une origine divine à l’humanité et pollue l’ensemble des « Cultures » terrestres contemporaines devrait attester de l’abîme qui nous sépare de ce que pourrait être une civilisation émancipée ; les innommables barbaries, passées mais toujours bien présentes, commises au nom de Dieux par des communautés religieuses en conflit pour l’hégémonie de leur absurde crédo, continûment instrumentalisées par les luttes de pouvoirs politiques, devraient suffire à nous déciller. De plus, cet archaïque paradigme, a largement contribué à nous dissocier de nous-mêmes en nous extrayant artificiellement de l’animalité et par conséquence de la nature dont nous ne représentons pourtant qu’une simple particularité. On pourrait tenter de dire que nous nous sommes appropriés la conscience de nous même comme si elle était notre définition ontologique (le dualisme !) oubliant qu’elle n’est en réalité que le fruit d’un long parcours évolutif (aux dernières nouvelles entre 3 et 5 millions d’années ; apprécions la précision de nos connaissances!)14 et qu’il est aberrant, même ridicule, de penser qu’elle nous est consubstantielle.
Il est facile de constater que ces évidences, inhérentes à une intelligence moyenne et assises indispensables à toutes sciences humaines, ne font pourtant pas, de nos jours, consensus et ne sont bien sûr jamais enseignées comme telles. Pourtant les intellectuels humanistes du mouvement philosophique des lumières15 et ceux du milieu du XXème que l’on peut rattacher à l’existentialisme (athée)16 avaient ouvert des brèches que l’on a pu croire un instant irréversibles ; mais bien que ces véritables penseurs perdurent comme essentiels référents au sein d’une partie de l’élite universitaire (enfin du moins celle dite…. progressiste)et des classes sociales émancipées, il est facile de se rendre compte que leur influence s’arrête aux portes de ces milieux et qu’ils ne font en rien partie intégrée de la « Modernité ». Car la puissance étonnante de ce « non-concept » (pourtant d’une rare ineptie) autorise de « ringardiser » c'est-à-dire de définitivement disqualifier tout ce qui n’est pas reconnu comme tel par ceux qui prétendent en être les acteurs (tous domaines économiques, politiques et culturels confondus) et par là même en définissent les contours. Il leur est même ainsi, par exemple, possible de faire resurgir et de mettre en scène ces figures tutélaires par le biais d’extravagantes commémorations qui finissent de les ensevelir dans un passé révolu tout en évacuant insolemment la critique radicale que leurs œuvres portent sur notre organisation sociale ; encore récemment l’exposition Guy Debord à la BNF, ultime offense, par un enterrement de première classe, à une pensée qui pourtant, par essence, se voulait irrécupérable, et qui vilipendait avec rage justement ce qu’on lui a pourtant fait subir ici !
On pourrait d’ailleurs considérer ceci comme représentatif de l’infini capacité du système en place à absorber, digérer et dissoudre l’ensemble des productions humaines passées, présentes et futures qui tentent de le récuser. Et en écrivant ceci il me vient à la conscience que mon labeur d’écriture n’est peut être en fait qu’une tentative désespérée de résistance à ce processus d’ « effacement planifié »…. Tant il m’apparait que c’est là, un des essentiels verrous de notre aliénation, dont il faut prendre conscience pour pouvoir recommencer à espérer !
Pourtant, lorsque penser nous « élève » (et le terme mérite toute notre attention), il nous arrive d’accéder à un état de clairvoyance qui permet d’embrasser l’infinie complexité de notre univers et d’en saisir le schème directeur et ce qui indéfectiblement nous y relie. Ce phénomène (au choix ou tous ensemble) psychique, cérébral, intellectuel, émotionnel… me semble à placer au cœur de l’acte de penser et mériter que l’on s’y attarde un moment :
Cette parenthèse permet deux constatations :
Nous pouvons parfois accéder, individuellement, à quelques instants éphémères d’extrême lucidité qui ouvrent le champ de notre conscience mais l’ensemble des sciences humaines, dont ce devrait être pourtant l’objectif prioritaire, est actuellement impuissant à s’inscrire pleinement dans ce champ épistémologique, indispensable à notre évolution collective, voire, en l’état actuel, à notre simple survie. S’interroger sur cette stérilité nous force d’abord à définir un peu plus précisément et à unifier ce que recouvre cet « ensemble des sciences humaines »…Ne s’agit-il pas tout simplement de ce que le mot Philosophie signifie ?...Enfin, plutôt, devrait signifier ?
Car, ce que l’on nomme aujourd’hui ainsi, n’est plus qu’une branche morte rejetée par la connaissance efficiente. Elle s’est momifiée autour de la simple étude et la célébration de quelques « grandes » figures immémoriales, dans leur grande majorité adoubées par les pouvoirs dominants de leurs époques respectives, dont le bien-fondé et la pertinence des raisonnements peuvent être souvent facilement perçus comme inversement proportionnels à la distance temporelle qui nous en sépare. Ne serait ce que parce que le contexte de leurs discours en délimite nécessairement les frontières à moins d’être convaincu18 qu’à questions ontologiques il ne peut y avoir que des réponses universelles et intemporelles. Et nous voilà bien de retour dans la croyance ….
Pourtant, philosopher consiste d’abord et assez banalement à (se) questionner, réfléchir sur le monde et l'existence humaine et parfois se risquer à émettre un avis, ce que, tout un chacun, doté d’un cerveau en bon état, fait assez couramment. Mais c’est aussi étymologiquement l’amour ou le goût de la connaissance, de l’habilité (manuelle ou intellectuelle) et la quête de la sagesse.
Depuis le Vème siècle avant l’ère chrétienne, « La Philosophie », cet arbre mythifié du savoir, mère de toutes les sciences pour certains, semble échapper miraculeusement à toute analyse critique des prémisses qui l’instaurent. La Grèce antique, où elle prend racines, de surcroit considérée comme le berceau de la Démocratie, jouit encore de nos jours d’une aura culturelle primordiale. Or, s’il est indispensable de se référer à certains Présocratiques (négligés, oubliés parfois même méprisés) qui s’émancipèrent des mythologies antérieures (à partir du milieu du VIIe siècle av. l’ère chrétienne) en substituant l’observation de la nature et la logique (astronomie, origine et reproduction de la vie, etc. tout, comme déjà dit, ce qu’ils nommaient « Physique ») à la transmission des fables et des légendes, il devrait être permis de penser, si c’était le cas, que ce qui suivit et fonde toujours notre culture contemporaine, ne fut qu’une réactualisation savante de la théogonie antérieure par eux contestée ; en réalité un formidable outil contre-révolutionnaire que Platon érigeât à l’encontre des progressistes précités. Car la pensée Platonicienne, qui théorise l’Idéalisme impliquant le Dualisme, entérine ainsi la prédominance de l’esprit sur la réalité et le dissocie de son enveloppe charnelle. Et cela revient (il est étonnant que tout vrai philosophe ne s’en indigne pas !) à déclarer l’immatérialité de l’esprit donc, à rouvrir la porte à une conception mystique du vivant et finalement tout bêtement, à croire à nouveau en Dieu. Alors comment admettre et comprendre que cette figure tutélaire demeure incontestable et que son influence théosophique réactionnaire se perpétue en toute légitimité ? Comment admettre, ayant appris d’eux que philosopher consiste d'emblée à rejeter tout divin de l’explication du monde, qu’après Leucippe, Démocrite, Epicure, Lucrèce,… la philosophie Platonicienne ait pu faire le lit de la pire théologie que l’humanité ait eu à subir et qu’elle endure encore : Le christianisme ?
Sans vouloir accabler Mr Jacques Brunschwig20 (il se trouve simplement que son article ouvre la section « Socrate » dans cette Encyclopédie Universitaire et révèle donc ainsi les fondements doxiques de la philosophie…) la phrase qui précède est un monument d’allégeance aux dominants et à la pensée du même nom, donc en radicale opposition avec celle, présocratique, citée plus haut (je répète : « …qui substitua l’observation de la nature et la logique à la transmission des fables et des légendes ! »).On nous parle ici de « Totem de la philosophie occidentale», de « héros fondateur, du père originaire, qui s'enveloppe dans une obscurité sacrée » qui «appartient inséparablement à l'histoire et au mythe de l'esprit ». Voici donc un homme, dont on ne sait à peu près rien, qui n’a jamais rien écrit, que Platon, dans, il est vrai, un remarquable travail littéraire qui fera date21, mythifie (et on connait sa propension à créer des légendes : Celle de l’Atlantide par exemple …) en même temps qu’il l’utilise comme mentor et caution, dont, finalement, l’existence est tout à fait improbable et qui pourtant, 25 siècles plus tard, continue à être considéré, par l’élite intellectuelle en général et la grande majorité des Philosophes patentés, comme le fondateur de leur discipline. Pourtant observant tout ceci avec un peu de recul et pris soudain d’un violent, mais peut être salutaire vertige (à moins que ce ne soit d’un irrépressible fou rire…), comment ne pas reconnaitre en ce personnage « La figure christique » de « La philosophie » ? Et éviter de penser que nous sommes là, pour le moins, en face d’une bien savoureuse contradiction? Les conséquences qu’entrainerait la mise à nu d’une telle fêlure dans les fondations même de l’édifice sont telles que l’on comprend aisément qu’il est totalement impossible pour un intellectuel en place de s’y aventurer sans être accusé d’ « hérésie » et d’ y risquer sa réputation
L’embarrassant, et cela nous ramène à l’axe de mon propos, serait donc que la philosophie occidentale serait fondée sur une croyance, qui de surcroit, ne pourrait pas être questionnée. Ce qui la discrédite au regard même de l’histoire étymologique de son propre nom ! Lorsque Mr Brunschwig relie, en toute arrogante primauté, l’ensemble des pratiques philosophiques contemporaines à Socrate (mais en réalité apparemment au seul Platon), tout en oubliant (délibérément ?) tous ceux qui le précèdent, il révèle, impudemment, l’assujettissement de la pensée occidentale à l’Idéalisme Platonicien et par la même son allégeance au Christianisme, ce que Nietzsche, en son temps, dénonça ainsi:
et encore,
Parallèlement et se superposant, l’avènement des Sophistes, Cyniques, Hédonistes, Atomistes, etc. toutes écoles aux contenus théoriques complexes, contradictoires et concurrentiels en réalité, toutes constituantes de celui de la Philosophie, démontrent la grande diversité de cette période historique dite fondatrice. Il est vrai que s’aventurer à démêler le foisonnement intellectuel de cette période relève plus de l’archéologie que de la science historique, tant ce qui nous en est parvenu est sommaire, fragmentaire, lacunaire et presque toujours sujet à interprétation, voire à caution. Pourtant, au regard de ce que montre (et démontre) brillamment Michel Onfray dans le volume 1 de sa « Contre-histoire de la philosophie » (Les sagesses antiques) les cinq siècles qui précèdent la sibylline naissance d’un être hybride mi-dieu, mi-humain (fruit supposé des entrailles d’une vierge, fondateur d’une banale secte puis trahi, martyrisé, supplicié et fugacement ressuscité) recèlent un aréopage de penseurs brillants22, iconoclastes et logiques, tous en opposition radicale avec le Platonisme, dont nous ne pouvons, avec le recul, que regretter amèrement la relégation dans les poubelles de notre culture dominante. Que seule, triomphante, la Pensée Platonicienne en ait émergé, atteste bien plus du potentiel hégémonique de son auteur (son inlassable volonté paradoxale à faire trace !) que de son intrinsèque validité. L’historiographie de la philosophie, par essence conservatrice et dogmatique, relayé par celle du catholicisme puisant sans réserve dans ce corpus idéologique extatique et suranné, a fait le reste et continue, tout naturellement, encore de nos jours à perpétuer le mythe.
D’autre part, n’oublions pas que la parole, le discours, la conversation, l’enseignement oral, etc. furent prééminents, voire seuls admis23 dans la tradition philosophique Grecque même s’il est assez savoureux et éminemment paradoxal de constater que, bien évidemment, tout ce que nous en savons vient des rouleaux de papyrus qu’elle nous a laissés (on peut, à l’occasion, s’interroger sur la motivation de Platon à nous transmettre une critique écrite de sa méfiance et de son mépris pour tout enseignement philosophique….écrit !?). L’oralité fut donc le seul vecteur reconnu et validé de la pratique philosophique de ce temps et la formation à l’ « Art Rhétorique », termes polysémiques s’il en fut24, le parcours obligé à tout postulant Philosophe et/ou Savant. Ainsi vit-on naitre, la toute première intelligentsia, composée de ceux, toutes « écoles » confondues, qui apprenaient et excellaient dans l’art de manier le langage afin d’être considérés ou de s’ériger eux-mêmes en « sages » (via des discours publics, écrits, écoles, polémiques, etc.) et, pour un grand nombre, à en retirer, bien sûr, les honneurs et les subsides subséquents. Ce dont Platon, toujours lui, ne se priva bien sûr pas, décrétant même l’existence d’une bonne Rhétorique (la sienne) en opposition à une mauvaise, celle tout particulièrement des Sophistes et autres Matérialistes / Atomistes dont il fut l’illustre et redoutable ennemi. Cette pratique foncièrement élitiste n’était, en réalité, que le prolongement, parfaitement naturel, d’une civilisation fondée sur l’esclavagisme, la ségrégation et le patriarcat, ce qui à 25 siècles de distance, ne semble, aujourd’hui, susciter aucune violente désapprobation.
Cette usurpation progressive par une caste d’intellectuels (souvent « bien nés ») de la pratique philosophique à laquelle l’ensemble du peuple était à l’origine théoriquement convié et qui, se perpétuant jusqu’à nos jours, entérine l’idée que seule, la partie mâle, nantie, et « éclairée » de l’humanité, est apte et digne de penser, explique, sans doute et pour une grande part, notre incapacité collective à nous comprendre et notre endémique inaptitude à édifier une société égalitaire d’individus libres et solidaires.
Car, aujourd’hui, il est toujours malvenu, voire politiquement suicidaire de questionner et mettre à jour les conservatismes culturels dont toutes ces grandes figures étaient d’évidence tributaires et qu’elles ne pouvaient manquer (inconsciemment..) de perpétuer. L’histoire de la philosophie antique s’exempte de toute contextualisation et ne s’attache qu’aux textes et aux idées qu’ils véhiculent comme si ces dernières pouvaient être intemporelles voire découplées de leurs auteurs. Ainsi, par delà le Platonisme mythifié et l’envisageable mystification Aristocratique, c’est de l’essence même de l’acte de philosopher qu’il s’agit et de son indéniable soumission à un modèle de pensée, somme toute, fondamentalement théologique et conformiste. Car enfin que voyons-nous, toujours à l’œuvre et désignée comme fondatrice référence, devant notre regard dessillé?
Il faudrait l’admettre, et ce n’est pas pour demain, les présupposés, postulats, principes et autres idées communes qui fondent le corpus idéologique dont nous sommes, toujours aujourd’hui et la plupart du temps à notre insu, imprégnés trouvent leur source dans cette victoire usurpée de l’idéalisme et du dualisme conservateur sur le matérialisme et la physique libertaire.
Rendre Platon seul responsable de ce consternant état de fait accréditerait l’idée reçue mais fort contestable de la puissance d’un seul individu à transformer le monde. Or on ne doit la prééminence de sa doctrine, extrêmement controversée de son temps, qu’à la calamiteuse soumission d’un Etat Romain corrompu et en pleine déliquescence au catholicisme naissant, pensant ainsi (stupidement !) endiguer l’inéluctable démantèlement de son empire….Et à la nécessité, pour les thuriféraires prosélytes de cette improbable et fragile religion, d’adosser leur théogonie aux philosophes Platoniciens concomitants. Au vu de leur succès, un coup de génie…. !
Il est vrai que l’ « incarnation » divine ou séculaire de la sagesse, depuis sans doute la sédentarisation de l’humanité, s’est avérée, sans conteste, comme la plus efficace stratégie d’accès et de maintien au pouvoir. Tant il est indispensable pour dominer autrui de s’attribuer (et encore mieux de se voir attribuer) des caractéristiques surhumaines (quelles qu’elles soient !) qui vous dissocie et distingue indéfectiblement du commun….
Alors ne serait-il pas salutaire, enfin et une bonne fois pour toutes, en commençant, bien sûr, par Socrate /Platon de « tuer les pères »? Non pas tous les géniteurs, dont l’humanité semble encore avoir besoin pour se perpétuer, mais leur fonction symbolique et mythologique, ubique étouffoir de tout véritable changement de paradigme. L’idée reçue que de « Grands Hommes », puissent soudainement surgir dans l’« Histoire » et changer positivement son cours ne résiste jamais à une analyse sérieuse du contexte sociologique et des enjeux économico-politiques et géostratégiques de leurs temps. Napoléon, Hitler, Staline, De gaulle, Churchill ou Mandela (etc.) ne font pas l’Histoire ! Au mieux ils l’accompagnent et la plupart du temps, malheureusement, l’annexent au profit de leurs personnelles et funestes ambitions. De nos jours, en mars 2014, Poutine ne nous en offre t-il pas une époustouflante démonstration….
Même le domaine de la connaissance (celui qui nous intéresse en tout premier lieu ici) s’est retrouvé progressivement enseveli sous le mythe du génie, arrogante proclamation de notre humaine supériorité et miroir complaisant de notre intelligence passée et à venir.
Pourtant ce qui caractérise, avant tout, celui que l’on nomme ainsi, c’est sa toute particulière aptitude à se constituer comme réceptacle synthétique des connaissances ambiantes de son temps. Toutes les grandes découvertes qui ont marqué l’histoire des sciences ne sont que la résultante ponctuelle et incarnée d’un champ de forces que l’on pourrait nommer sommairement « culturelles ». Quelle que soit l’intelligence de celui que l’histoire a retenu, ou retiendra, ce n’est, qu’immergé dans le bain osmotique de celle de son époque, qu’une « idée nouvelle » a pu naître en lui….
A contrario considérer un humain comme un « génie » revient à lui attribuer des pouvoirs surnaturels ce que l’étymologie révèle promptement : « Génie emprunté au latin génius, désigne d’abord une divinité génératrice qui préside à la naissance de qqn, puis la divinité tutélaire de chaque individu avec laquelle celui-ci se confond ». Ainsi, qualifier les « esprits supérieurs » de génies, les extrait d’abord du commun des mortels mais de plus, et cela m’apparait bien plus grave et pernicieux, renvoit l’origine de la connaissance au divin. Le terme prouve en lui-même le processus de mythification à l’œuvre et discrédite sans appel le savoir ainsi propagé, puisque ce dernier ne peut plus être évalué en soi mais se fossilise en tant qu’élément de légende, de dogme, de catéchisme, d’irréfutable théorie dont toute critique, même fondée, s’apparente à un crime de lèse-majesté. Seul notre besoin ontologique de figures rassurantes et paternelles, artificiellement entretenu par ceux à qui cela profite, perpétue et pérennise une conception aussi peu réfléchie de l’histoire humaine.
C’est bien l’utilisation mythifiée de la figure Platon/Socrate qui est en cause et non ses écrits (réels ou supposés) qui, lorsqu’ils sont passés au crible d’une analyse critique lucide (débarrassée de tout arrière fond judéo-chrétien) apparaissent juste pour ce qu’ils sont : Une pure vision moraliste et théologique de l’univers, déniant à la science, et en particulier à la physique, toute capacité à comprendre la nature des choses, rejetant dans l’au-delà, dans les limbes toute prétention à la vérité de notre condition.
Ce moment de la pensée n’est pas fondateur mais simplement charnière ! Et c’est l’histoire, la mise en place du pouvoir dominant qui lui succède, qui l’instaure comme tel, comme référence idéologique de son bienfondé. C’est un verrou, la fossilisation achevée d’une effervescence intellectuelle qui dura près de cinq siècles, dont le caractère subversif et iconoclaste ne pouvait manquer de saper l’ordre établi et de susciter l’adversité acharnée de ses bénéficiaires. Rappelons-nous que Platon ignora l’existence de Démocrite (son contemporain) dans l’ensemble de ses écrits alors qu’ils peuvent être lus et vus comme une réfutation systématique des thèses de ce philosophe honni… et envisagea même de faire brûler l’ensemble de ses écrits pour n’y renoncer, finalement convaincu de l’impraticabilité de la tâche (mais, semble-t-il, pas de son ignominie !), que du fait de la notoriété de leur auteur et donc de l’abondance des éditions. Ce que par contre l’hégémonie sanguinaire chrétienne des siècles qui suivirent, confrontée à la moindre contestation de ses dogmes, sut parfaitement mettre en œuvre et, sans coup férir, mener à « bien », ne se contentant pas de brûler les œuvres mais également, directement et sur la place publique, leurs auteurs !
Alors revenons, puisque le véritable intérêt s’y trouve, sur le contenu fécond de cette pensée défaite et aujourd’hui dramatiquement oubliée. Lorsque l’on s’y attarde, un tant soit peu, qu’on la dépoussière et, surtout, que l’on se délivre du préjugé de consulter un appareillage théorique archaïque et suranné, on ne peut qu’être saisi par la clairvoyance, la pertinence et la liberté de ces intelligences observant la nature du monde et d’eux-mêmes (l’univers), il y a quelques 2500 ans, avec uniquement leurs cinq sens pour instruments de connaissance. Et tout d’abord, ce qui fascine et nous apostrophe, c’est l’affirmation, aujourd’hui perdue, que le savoir est indivisible, que la philosophie se doit d’embrasser toutes les disciplines : Les mathématiques, l’astronomie, la médecine, l’histoire, la politique, l’éthique, le langage et la rhétorique, en définitive tout ce qui fait sens…et tout particulièrement la physique pour les Atomistes, au point que pour eux l’une et l’autre sont indistinctes 25. En fait ces derniers, dont il ne nous reste aujourd’hui que quelques figures et rares écrits épargnés et qui ont dû, en réalité, se compter par dizaines, constituent le cœur lumineux et rayonnant de la toute première approche matérialiste de notre compréhension de l’univers. Une sorte de parenthèse enchantée pour une humanité jusqu’alors soumise aux croyances de tout ordre et donc à ceux qui savaient (et savent toujours) les utiliser pour édifier leur pouvoir.26 Une question cruciale semble les obséder : Quelle est l’origine du mouvement ? Ou, dit autrement : Si ce n’est Dieu qu’est ce qui agit la matière? Ou finalement : Derrière les apparences qu’elle est la substance de la réalité ?
Leucippe, ou en tout cas son supposé disciple Démocrite répondra :
Le vide, les atomes et le mouvement! La matière fondamentale en mouvement dans le rien et en dehors de la matière rien n’existe!
Quelle fantastique intuition ! Elle proviendrait, bien sûr au conditionnel, de l’observation (qui nous est toujours fort commune) par Leucite de l’agitation d’innombrables particules de poussières dans un rai de lumière.
Encore leur faut-il tenter d’expliquer l’émergence des formes et leur plasticité, le continu et le discontinu, l’identique et le différent….Un texte attribué à Diogène d'Apollonie, penseur de la même époque, nous dit ceci :
Cette évidence a la saveur de la perfection !
Mais alors comment s’opèrent ces passages d’une forme à l’autre tout en préservant le flux, infiniment lisse et continu du réel ? Comment la terre, l’eau, l’air et le feu existent-ils, à la fois dissociés et communs. Je ne saurais le dire mieux qu’Antoine Danchin dans son court mais essentiel texte sur les Atomistes accessible en ligne ici :
Apparait ainsi l’idée d’un mouvement permanent et infini, consubstantiel à l’espace et au temps, de particules élémentaires, dont, de ci de là, l’inévitable télescopage (ou influences réciproques) pourrait engendrer des formes dans une infinie variété. Et ici point de hasard, qui n’est de fait pas une notion grecque, ni de nécessité qui pourrait laisser croire à la révélation de forme préexistantes, (issues d’ailleurs d’on ne sait où ?) mais une architecture contrainte par les principes intangibles qui régissent chacune de ces particules élémentaires.
Voilà ce que le Platonisme a supplanté et renvoyé dans les oubliettes de l’histoire des sciences livrant au catholicisme naissant un terrain net et balisé propre à promouvoir et instituer sa souveraineté à venir. Et l’obscurantisme meurtrier qui s’en suivi va durer plus de 2000 ans…..
Suivront bien sûr Aristote, Pascal, Descartes et Malebranche, Kant puis Hegel qui se partageront la lourde responsabilité de perpétuer et d’ « enrichir » ce discours d(t)oxique ce dont l’enseignement universitaire institutionnel ne manquera pas de leur rendre grâce en les plaçant en tête de ses plus grandes figures tutélaires.
Il faudra attendre le XVIème siècle pour voir réapparaitre, au risque de bruler vif, quelques tentatives scientifiques de retour à l’essence matérielle du monde. Pour aller vite car mon propos n’est pas ici de faire l’histoire de la répression de l’intelligence par l’église catholique, citons seulement Giordano Bruno27 qui finira sur le bûcher et Galilée, bien sûr, suspect d'hérésie et forcé d’abjurer sa croyance que la terre n’est pas au centre du monde.
Mais à partir de ce moment là le pouvoir théologique va avoir fort à faire pour continuer d’endiguer cette autre ou nouvelle « Philosophie naturelle », jusque là établie sous l’inébranlable autorité scholastique, et qui nait et prolifère avec ces raisonneurs iconoclastes « printaniers ».
D’autant que ce XVIème siècle voit venir la fin de l’unité chrétienne occidentale et débarquer Luther, Calvin, Henri VIII avec le bien nommé « Protestantisme »….Bien qu’avec le recul, il faille ici préciser que ce schisme, qui semblait annoncer la défaite générale du christianisme, lui sera pourtant finalement salutaire, d’ailleurs Nietzche ne s’y est pas trompé :
Mais pourtant, en ce début du XVIIIème siècle, un coup fatal semble à même de terrasser la théologie. « Newton et Locke font un tabac ! »
Alors ce « tabac » comme dit Georges Miedzianagora, s’il affola les théologiens catholiques qui s’empressèrent d’interdire ses auteurs provoqua bien moins d’émois chez les protestants, par essence plus enclins à l’argumentation qu’à l’application des dogmes, et qui, stratégiquement, décidèrent de discuter la philosophie nouvelle et de réfuter ses prétentions blasphématoires.
C’est cette bifurcation que Miedzianagora met en exergue et désigne comme origine du subtil mais efficace combat que mena cette théocratie pour préserver son pouvoir, qui, de son point de vue, triomphe, aujourd’hui sans conteste :
Au milieu du XVIème siècle des avancées majeures de la réflexion (ré) ouvrent une brèche dans le corpus Platonicien de l’hégémonie théocratique et vont s’incarner dans les deux personnages précités : Isaac Newton et John Locke.
Le premier philosophe, mathématicien, physicien, alchimiste, astronome et (à ne pas oublier) théologien. Son ouvrage « Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica » écrit en 1686, décrit la loi universelle de la gravitation, formule les trois lois universelles du mouvement et jette les bases de la mécanique classique. Il a aussi effectué des recherches dans les domaines de la théologie et l'alchimie. C’est un pur phénoménologiste :
Et il n’est d’un quelconque danger pour l’église, bien au contraire ; d’abord parce qu’il se considère comme « un élu de Dieu pour comprendre le message biblique »… Il a consacré plus de temps à l'étude des Écritures qu'à celle de la science, et a déclaré « j'ai une croyance totale dans la Bible comme Parole de Dieu, écrite par ceux qu’il a inspirés. Je l’étudie tous les jours. ».
Ce qui est parfaitement clair lorsqu’il parle de ses théories :
Et puis :
Et pour finir :
Etonnant, non ! Il ne sera donc pas inquiété !
Mais pour l’Autorité c’est un peu plus délicat avec Locke: Il n’est que philosophe (Anglais), considéré comme un des précurseurs des Lumières. Sa théorie de la connaissance fut qualifiée d'empiriste car il considérait que l'expérience est l'origine de la connaissance. On s’éloigne de l’étude du seul phénomène….
Par sa théorie des idées simples, il distingue deux états possibles du réel : Il y aurait des qualités premières, que nous ne pouvons séparer des corps : par exemple, la solidité, le mouvement, etc. Ces qualités seraient intrinsèques à la matière. Et puis les qualités secondes qu’il définit comme les sensations que les corps produisent en nous : la chaleur, la couleur, etc. Nous les percevons directement et il les nomme les sentiments. Ces qualités ne seraient pas réellement dans les corps, et varient bien sûr suivant la capacité et la portée de nos sens. Il affirme ainsi que sans un corps pour les percevoir, la chaleur, la douleur, etc. n’ont pas de réalité objective bien que notre jugement et notre existence même nous prouve le contraire. Il est vrai que ce n’est pas la première fois que nos sens nous trompent (le soleil autour de la terre pour simple exemple…).Et enfin Locke attribue une troisième qualité aux corps : Ils peuvent se modifier mutuellement (voire intérieurement) et ainsi altérer la perception que nous en avons (le feu transforme la matière…et cette dernière peut produire du feu).
Il réintroduit l’idée d’une matière tangible, réceptacle d’une réalité qui lui est propre, tout en continuant à attribuer à l’esprit et au corps celle de notre perception. Le Dualisme est préservé mais la théocratie, à juste titre se sent menacée est, brutalement, réplique.
Les catholiques re-brandissent (sans grand effet) l’Hérésie mais les protestants, plus subtils, vont s’efforcer de pervertir la pensée de Locke, tout particulièrement grâce à l'évêque George Berkeley.
Il a 25 ans lorsqu’il publie en 1710 les Principes de la connaissance humaine et affirme que :
Les idées n’existent pas en dehors d’un esprit qui les perçoit. « Esse est percipi » (être, c’est être perçu). C’est là une « vérité intuitive » (superbe, non !?) : Quand je dis qu’un objet existe, je dis que je le sens, que je le vois, ou qu’il est perçu par un autre esprit. Mais quant à concevoir une existence absolue, c’est impossible :
Il « efface » la matière en la redéfinissant comme seule perception que l’esprit s’en fait. Ce qui n’est possible qu’en considérant que ce dernier n’est pas matière, ce qu’en fait, la faiblesse théorique de Locke, lui permet. A distance, il est quand même surprenant qu’un tel ramassis d’inepties (bien que jugé ridicule, par beaucoup, de son temps), ait pu s’inscrire et faire référence dans l’histoire de la pensée au point d’être discuté par Kant (ce qui ne grandit pas beaucoup ce dernier!). La logique ne lui sert qu’à combattre tout ce qui contredit, de fait, ses croyances. Il ne peut exister d’autre réalité que celle que l’esprit perçoit ce qui lui permet d’écrire en toute certitude :
Et :
Que serait donc le catholicisme sans la preuve historique de l’existence de Dieu et du Christ ?
Et comme si cela ne suffisait pas, ses prises de positions « politiques» enveloppent le personnage d’un parfum fort nauséabond :
Mais il sert (ô combien) la stratégie des théologiens protestants ce qui explique, sans peine, ses appuis et son succès: Eux seuls parlent souverainement du réel ! Aux physiciens et autres scientifiques ou/et tenants de la Philosophie Nouvelle la description des qualités secondes soit en l’occurrence les mouvements des corps ; Galilée, Hobbes, Descartes et Newton décrivent les propriétés des objets et des astres dans leurs mouvements ou/et au repos mais laissent tranquillement au pouvoir divin les forces qui les agissent.
Ce que Georges Miedzianagora résume parfaitement ainsi :
Et puis vont venir des esprits beaucoup plus raffinés et retors comme Leibniz et…Kant ! La complexification théorique, sous tendue par une rhétorique sophistiquée et un jargon souvent abscons, intimide et tient à distance autant qu’elle légitime, en elle-même et sans effort de cohérence, le propos. Et comme, il est vrai que l’intelligibilité du monde par l’observation se heurte à de nombreuses résistances et que « Dieu » permet de combler facilement les vides, il est bien plus facile de servir la « démonstration » de l’existence d’un Esprit omnipotent et préexistant à toute réalité que d’affronter la difficile quête de son objectivité.
L’invention, par Leibniz de la « notion » de monade qu’il substitue à celle d’atome est un modèle du genre. Rappelons que ce terme provient du grec monas, monados, tiré de monos « seul », qui substantivé par la philosophie grecque (ê monas) signifie déjà « unité » Il donnera le préfixe mono en français : monologue, monocle, monogramme, etc.
En fait une banalité et une sorte de resucée pythagoricienne (la Monade désigne l'unité originelle d'où dérive la série des nombres, en particulier la Décade) et Platonicienne (Platon appelle ses Idées « Monades » (unités), dans la mesure où chaque Idée (le Juste, le Beau, l'Abeille en soi...) est une Forme sans multiplicité ni changement, un Modèle unique, un principe d'existence et de connaissance..). Retour à la case départ !
Ce qui donne ensuite des tautologies de ce type :
Simple, en effet ! Ou encore :
Car la vérité (la sienne) réside dans l’harmonie préétablie entre toutes les monades; devinez par qui ? : Et bien par Dieu, « pardi » !
Alors Kant :
Très compliqué, inaccessible, mais incontournable et référentiel, dit-on !
« La Critique de la raison pure » a, au moins, l’avantage, dès le titre, d’annoncer la couleur.
Se référant àCopernic, qui démontre que la terre tourne autour du soleil et non l'inverse, Kant ambitionne d’opérer une révolution du même ordre en « affirmant » (il ne s’agit pas de prouver ; comment le pourrait-il ?) que le « centre » de la connaissance est le sujet connaissant (l'homme ou l'être raisonnable), et non une réalité extérieure par rapport à laquelle nous serions simplement passifs. Malencontreusement, c’est exactement l’opposé du modèle Copernicien puisque nous voilà de retour dans une théorie par essence anthropocentrique. Car, par delà la description enfin établie d’une vérité physique du monde réel, c’est bien les fondements théologiques des croyances antérieures que Copernic a mis à bas et ridiculisées et, en tout premier lieu, une vision autocentré de l’univers. A l’inverse de ce que déduit Kant, ce n’est que par sa capacité à s’extérioriser de sa perception du monde en tant que sujet (sa subjectivité) que Copernic peut envisager et objectiver le contraire de ce que ses sens lui renseignent.
A y regarder de près, Kant prétend à une antinomie : Faire de la métaphysique une science rigoureuse. Mais qu’est ce que la Métaphysique ?
Le mot apparait avec Aristote, mais n’est pas de lui : Une étrange équivoque28 instrumentalisée par les platoniciens a fait de ses textes écrits et intitulés « Après la physique (meta ta phusika) », une discipline reine en soi en y associant ce qu’il nommait philosophie première.
Depuis la métaphysique ambitionne de répondre à deux types de questions fondamentales bien distinctes : Celles concernant l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu, les raisons de l'existence du Mal ou le sens de la vie et celles qui s’attachent à l'étude de l'« être en tant qu'être » et en référence à Aristote, non pas d’une partie de ce qui est, mais de ce qui est dans sa totalité : La substance, la réalité véritable. Net progrès par rapport à Platon qui lui ne s’intéressait qu’à l'essence par laquelle le monde est créé, à la réalité de l’âme.
En fait les premières interrogations ne sont que problèmes existentiels égocentrés qui ne concernent que la relation de l’humain au réel (les sentiments) et, seules, les secondes, visent le réel en soi et définissent en fait une discipline autonome, l’ontologie. C’est La scolastique moyenâgeuse qui cherchant à légitimer la théologie chrétienne par la philosophie grecque (Aristote) l’instaura comme une partie de la métaphysique, en tant qu'elle définit les transcendentiae, les déterminations communes à tous les êtres. La filiation est limpide….
Alors pour un esprit libre, la métaphysique (de Kant) ne peut manquer d’apparaitre juste pour ce qu’elle est : Une sorte de cheval de Troie de la rhétorique théologique visant à saper, de l’intérieur, toute tentative rationnelle et logique d’appréhender [saisir par l'entendement, par un acte précis de la pensée conceptuelle] le réel. Même « épuré par la critique et par elle aussi ramenée à un état fixe», devenue en somme « rationnelle » (celle de Kant, comme toute autre d’ailleurs), n’a pour seul objectif que de démontrer « que toute connaissance spéculative possible de la raison se réduit aux seuls objets de l'expérience. » et que, par conséquence, comme « l’espace et le temps ne [sont] que des formes de l’intuition sensible » connaitre ne peut être que du domaine de la foi.
La « chose en soi », que Kant nous dit, par essence inconnaissable et dont seule une représentation perceptible par nos sens nous est accessible, n’est, en définitive que la production intellectuelle d’un corps/esprit surdéterminé par ses croyances, incapable de concevoir qu’il est lui-même constitué de la substance qu’il rejette dans un arrière monde indépendant de sa propre réalité. Le dualisme Platonicien est bien là toujours à l’œuvre, dissimulé derrière une complexification rhétorique et conceptuelle, sans doute déterminante pour expliquer son succès. Car qui a lu et lit entièrement Kant, si ce n’est ceux qui lui ont élevé une statue et, en le commentant, la perpétue ?
Alors juste quelques extraits qui, bien sûr, s’exposent à la réfutation car « isolés de leur contexte », ce qui est pourtant toujours le cas d’une citation mais reste une parade récurrente apte à verrouiller toute critique, même légitime, et dispense ainsi d’y donner suite !
Dès le préambule de la Critique de la raison pure / Préface de la seconde édition (1787):
Kant propose donc de sceller un "pacte" entre la raison et la foi : le domaine de la raison ne doit pas s'étendre au-delà des phénomènes, celui de la foi commence là où s'arrête celui de la raison :
Ainsi lorsqu’il encense la science c’est pour mieux en montrer les limites….
Il créditera ainsi l'astronomie de nous avoir « appris bien des choses étonnantes », dont la plus importante est qu'elle nous a :
Elle nous a donc appris que nous ne savions rien !
Sa capacité rhétorique à usurper les fondements logiques de la science et à les renverser au profit de sa « Critique » est indéniablement fascinante et d’une redoutable efficacité:
Et il serait donc l’un des plus grands philosophes du siècle des lumières !?
Alors ce n’est que pour son influence sur les plus grands esprits scientifiques qui vont suivre, tout particulièrement Ernst Mach (précédant Einstein qui le considérait comme « un précurseur de la théorie de la relativité ») qu’il m’est apparu nécessaire de m’y attarder aussi longuement….
Car pour un lecteur non attentif la théorie Kantienne peut sembler concorder avec celles des atomistes antiques. Pour mémoire rappelons que Les philosophes présocratiques, tous confondus, (matérialistes et théologiques) n’ont pas controversé sur l’existence (ou non) des qualités premières. Ils en reconnaissaient tous l’existence mais s’opposaient sur la cause du mouvement des corps : Les théologiques bien sûr l’attribuaient à Dieu et les autres adossés au principe que «rien ne naît de rien» en affirmaient tout simplement leur caractère éternel : Ce qui est, est !
Ecoutons, encore une fois, Lucrèce dans son « De rerum natura » :
En fait ce lecteur de Kant abusé s’est laissé séduire par une rhétorique absconse et pernicieuse qui lui laisse croire qu’il ne tranche pas, pour au contre, l’objectivité des corps : Il conclut erronément, que, selon Kant, on ne sait pas si l’en-soi est ou n’est pas corporel. Ce que Georges Miedzianagora réfute parfaitement :
C’est de cette façon que Kant redresse l’ « excès » de Berkeley et Leibnitz tout en conservant l’avantage acquis par ces derniers (mais par eux à trop grand frais) : l’inexistence des corps.
Pourtant ce dont nous informe notre sens du toucher par exemple au contact d’une table c’est uniquement de la résistance de sa surface à la pression de nos doigts. De la sensation, du phénomène qui, si l’on s’en tient à tout ce qui précède, ne nous renseigne en rien sur l’essence, substance, ontologique réalité (peut importe le jargon métaphysique… !) de la table, ni de notre propre corps, évidemment.
Mais alors, compte tenu que l’en-soi de ce dernier ainsi que celui de la table sont structurellement identique (« Le vide, les atomes et le mouvement! »), comment expliquer qu’ils ne s’interpénètrent pas et que la main ne traverse pas tout simplement la table, ou l’inverse ?
L’impénétrabilité des corps entre eux n’est pas un sentiment mais la manifestation irréductible et indéniable de l’existence d’une réalité sous-jacente à notre perception du monde, qui d’ailleurs nous préexiste et nous survivra et dont nous sommes une simple expression parmi d’autres. Seul l’égocentrisme pathologique et condescendant d’esprits aliénés par leur croyances, cherchant à les légitimer en pervertissant le logos par la théologie a pu entrainer l’humanité dans un tel cul de sac de la pensée. L’être en-soi existe puisque nous sommes !
Mais voilà, en ce début de XVIIIème siècle, les théologiens protestants, s’ils n’ont pas encore remporté la victoire, viennent de « théoriser » ce qui va leur permettre de bientôt triompher.
Et pourtant, avec Galilée, Hobbes, Descartes, Newton,…ils s’étaient crus perdus ! Ils ont vu leur échapper la maitrise de l’explication du monde, du mouvement des objets dans le ciel et sur terre. Leur rhétorique fondait comme neige au soleil et la foi redevenait uniquement ce qu’elle a toujours été, une simple et béate croyance que de surcroit, à présent, les faits démentaient.
Mais en jetant le doute sur l’existence des êtres, et surtout en prétendant le faire « scientifiquement », ils retrouvent l’arrogance de leur caste et revendiquent à nouveau la connaissance suprême ! Ils ont reconstruit des thèses qui « vont de soi », une nouvelle Doxa qui va leur servir à corrompre quelques essentielles figures de la science physique qui, jusque là, ne tenait plus grand compte de cet obscurantisme désuet.
Pourtant s’il apparait déjà séduisant, pour quelques physiciens, de circonscrire leurs travaux à la simple étude des phénomènes sans se préoccuper des causes, la plupart (les plus brillants) demeurent exaltés par cette quête du savoir, alors en plein essor….
Mais ce qui va tout changer c’est la crise théorique qui va surgir en son sein ! Son sujet : La nature de la lumière et sa dualité phénoménologique contradictoire ; onde électromagnétique ou/et flux de photons ? Une énigme qui va déboucher sur celles de la « mécanique quantique », renonciation dissimulée de la physique à élucider les causes des phénomènes, réattribuant ainsi à la théologie la primauté du discours sur le réel.
C’est Ernst Mach 29, se réfutant lui-même comme philosophe (« je ne suis qu’un savant et je ne suis absolument pas un philosophe »), qui va développer une philosophie des sciences et influencer tout le XIXe avec son ouvrage intitulé « La connaissance et l'erreur ». Pur phénoménologiste et fonctionnaliste, radicalisant les thèses de Kant, il affirme et cherche à démontrer l’inintérêt de la quête de l’essence du réel. C’est avec une condescendance ironique qu’il distingue le Savant du Philosophe :La force de son raisonnement tient certainement à sa lucidité sur la condition animale de l’humain qui légitime (en partie) l’absolu déterminisme auquel il le soumet. Il sort du dualisme Platonicien ou/et Cartésien pour proposer et affirmer un monisme psychophysique, à savoir l’indifférenciation du psychisme et du physique, ce qui m’apparait comme une incontestable avancée. Mais il en déduit que la liberté décisionnelle dont nous croyons être pourvus se réduit à une succession de mécanismes mis en place au gré des expériences que nous subissons pour assurer notre survie et notre reproduction :
Par glissements successifs il finit par construire une théorie de la connaissance purement mécaniste et utilitariste. Il rejette dans le même élan toute référence à l’existence des corps. Seule l’analyse objective des phénomènes perçus permettant la conceptualisation des lois qui les régissent lui suffit pour rendre compte du réel et surtout y être opérationnel. La question ontologique de l’univers l’indiffère et il la livre à la métaphysique (voire aux philosophes qu’elle préoccupe) qu’en fait il méprise.
Ce faisant, alors qu’il s’opposait à Kant en refusant, même de parler de la « chose en soi », il le renforce (donc peut-être à son corps défendant) lui apportant une sorte de légitimation scientifique, confortant ainsi à la théologie protestante comme seule détentrice de l’explication du réel, et surtout, offrant, si j’ose dire, « sur un plateau » une échappatoire inespérée aux physiciens embourbés dans les contradictions irréductibles qu’ils doivent affronter dans leur recherche sur la nature de la lumière. De Descartes à Einstein :
Pour bien comprendre ce qui, alors, s’est joué, il est indispensable, à présent, de dresser un bref rappel historique de l’évolution de la connaissance dans ce domaine :
Ces deux dernières conceptions vont s’affronter dans un débat qui va durer jusqu’en 1872.
En 1801 Thomas Young réalise pour la première fois une expérience qui semble mettre en évidence la nature ondulatoire de la lumière.
Connue sous le nom de fentes de Young (ou interférences de Young) elle consiste à faire interférer deux faisceaux de lumière issus d'une même source, en les faisant passer par deux petits trous percés dans un plan opaque. Sur un écran disposé en face des fentes de Young, on observe un motif de diffraction qui est une zone où s'alternent des franges sombres et illuminées.
En 1806 Young détermine une distance, bientôt unanimement admise comme la longueur d’onde d’une seule vague dans « l’éther » (cf.ci-dessous). Fresnel en améliore bientôt les formules mathématiques
En 1865 Maxwell unifie sous une seule théorie et une seule mathématique, toutes les formes possibles de lumières. Les quatre s’accordent à penser que la lumière peut se concevoir comme les mouvements animant la matière supposée qu’est « l’éther ».
C’est une modélisation commode, que les calculs confirment, et qui permet à Max Planck, en 1900, de définir l’énergie propre à chaque sorte de lumière, en fonction de la longueur des vagues propres à chacune d’entre elles. Plus les vagues sont courtes, plus évidemment leur nombre est grand en un temps t donné, et donc plus l’énergie est grande en ce même temps.
Tout semblait cohérent et la conception corpusculaire de Newton s’en trouvait définitivement obsolète.
Pourtant, dans le même temps, Michelson et Morley mettent au point une expérience d’optique qui a pour but de démonter l’existence de « l’éther ». Ils cherchent à mettre en évidence la différence de vitesse de la lumière qui se propage à partir de la terre à partir de deux directions (une dans le sens du mouvement de la terre et une autre perpendiculaire) et concluent que cette différence, si elle existe, est inférieure à ce que le dispositif permettait de mesurer (l'effet attendu étant environ 4 fois supérieur à la précision du dispositif). C’est un échec et abondamment refaite elle donne toujours le même résultat. Or, dans un « éther » omniprésent donc immobile la vitesse de la terre devait d’évidence s’ajouter dans le premier cas…Et la théorie exigeait cette conséquence. L’expérience contredisait donc la loi… Il n’y a plus d’ « éther » et donc plus de vagues !
Et puis un nouveau problème surgit en 1900 :
Georges Miedzianagora fait alors remarquer, qu’à ce moment de l’histoire, toutes les conditions sont réunies (plus d’ « éther », expulsion instantanée de l’électron par « un photon ») pour redonner de la plausibilité à la théorie corpusculaire de Newton. C’était sans compter sur l’autorité institutionnelle des « philosophies » Kantienne et Machienne, déjà acquise et qui légitimait le « devoir d’ignorance » que GM résume ainsi :
La mécanique quantique ou comment s’en débarrasser !
Les termes effrayent ! Associer la banalité du mot « mécanique » à la sophistication ésotérique de « quantique » produit un couple si singulier qu’il est permis de penser qu’il a grandement contribué au succès de ce qu’il prétend désigner. Par son étrangeté il éloigne autant qu’il fascine, confère une aura d’élus aux initiés et interdit à priori, toute intrusion critique inexpérimentée.
Pourtant, à y regarder d’un peu plus près, ils ne sont que l’expression d’une grande perplexité, voire la simple manifestation sémantique des contradictions qui les génèrent.
Comme bien trop souvent, en science, la complexité apparente des mots se substitue à l’ignorance sous-jacente ; plus cette dernière est grande, plus sont « savants » les termes qui la dissimule…
En l’occurrence reprenons-les !
Un plan percé de deux trous S1 et S2 sur une droite horizontale par lesquels passe un faisceau lumineux |
Par cette expérience il voulait prouver, bien sûr, la validité de sa théorie et mesurer la distance entre deux vagues (crête à crête ou creux à creux).
La lumière forcée à passer par ces deux trous distincts devait engendrer deux groupes de vagues ne pouvant manquer d’interférer.
Les vagues de chaque groupe, suivant un chemin séparé, devaient nécessairement frapper l’arrière plan en des lieux également séparés. Si elles l’atteignaient crêtes sur crêtes (ou creux sur creux) les effets lumineux devaient se renforcer et à l’inverse (crêtes sur creux) s’annuler d’où une succession de bandes obscures ou éclairées.
Par un calcul géométrique simple pour lui mais qu’il est facile d’intuiter puisqu’il existe d’évidence un rapport mathématique entre la distance qui sépare les bandes éclairées sur l’écran et celle supposée entre deux « vagues » (non détaillé ici mais pour ceux que cela intéresse c’est là !) il put la calculer d’où son nom « distance de Young ». Ce sera possible par la suite de l’établir pour toutes les lumières visibles (ou invisibles) et caractériser ainsi chaque sorte de lumière. C’est universel et spécifique ; toute lumière en a une et chaque couleur la sienne propre. Baptisée plus tard « longueur d’onde » elle devient et demeure un des paramètres essentiels de la physique. Et cette propriété s’applique à ce que les physiciens nomment indifféremment aujourd’hui « lumière », mais aussi « rayonnement électromagnétique » où même « énergie pure ». La croyance dans la nature ondulatoire du rayonnement lumineux est, à ce moment là, validée ! Mais l’exubérance scientifique de ce XIXème siècle finissant réserve encore bien des surprises et il est nécessaire, afin de contextualiser ce qui se joue véritablement avec l’avènement de la physique quantique, d’en donner, à présent, un bref aperçu. Le mérite exceptionnel de Georges Miedzianagora consiste à avoir fait l’effort intellectuel de transcrire dans un langage accessible « destiné à définir les faits découverts et seulement ces faits ».
Tout ceux, simples curieux, qui comme moi jusqu’alors, ont tenté de s’approcher, en vain, de cet épisode essentiel de la connaissance en physique comprendrons et s’empresserons de se procurer « Les dieux post-modernes »! Pour ma part je livre ici ce qu’enthousiasmé, j’ai pu en assimiler….
D’abord les découvertes :
- La vitesse de la lumière est constante et absolue. Démontré par Michelson et Morley (cf. ci-dessus)
- L’énergie des lumières.
Elle mesurée à partir d’un « corps noir ». Les matériaux noirs absorbent toutes les lumières qui les atteignent. En physique, le corps noir est un objet idéal qui absorberait toute l'énergie électromagnétique (tous les rayonnements) qu'il recevrait, sans en réfléchir ni en transmettre. L'objet réel qui se rapproche le plus de ce modèle est l'intérieur d'un four. Afin de pouvoir étudier le rayonnement dans cette cavité, une de ses faces est percée d'un petit trou laissant s'échapper une minuscule fraction du rayonnement interne. On fait varier la T° du corps (du four) et on mesure celle d’un écran qui reçoit ce rayonnement pour chacune des T° à laquelle il est amené. Ainsi on obtient une mesure qui rend compte de la variation de l’énergie qu’il reçoit. Cette énergie étant considérée comme la cause du réchauffement de la plaque.
- Les énergies spécifiques.
Planck va démontrer « mathématiquement » que chaque lumière différente a une énergie qui lui est propre puisque sur l’écran il lui correspond une T° précise. Déjà caractérisée par une couleur, puis par une distance de Young (longueur d’onde) et maintenant par une quantité d’énergie distincte il est possible alors d’affirmer que chaque lumière comporte une énergie spécifique. Ainsi, John Rayleigh énonça que la puissance rayonnée par un corps chauffé est proportionnelle à sa température absolue et inversement proportionnelle au carré de la longueur d'onde de la couleur réfléchie, ce qui illustre l'idée d'un changement continu. Cependant, des mesures ont démontré que sa théorie n'était vraie que pour les longueurs d'onde allant de l'infrarouge au vert. A partir du bleu, l'expérience est en contradiction avec les valeurs théoriques. Paul Ehrenfest appela cette erreur la « catastrophe ultraviolette ».
Planck, pour tenter d’y répondre, construit un « système d’unités de mesure » qui intègre le temps et établi une constante minimale pour toute les lumières. Georges Miedzianagora l’exprime ainsi :
Chaque lumière est donc ainsi « dotée » d’une énergie spécifique. C’est une avancée scientifique comparable à la découverte d’Archimède qui comprit qu’à chaque volume d’un corps lui correspond toujours le multiple d’une quantité de poids qui lui est propre. Ici, tout bascule! Planck opère à ce moment là une rupture épistémologique fondatrice. C’est la croisée des chemins et lui-même va douter longtemps de la validité de son modèle. Il vient de formaliser mathématiquement la discontinuité du flux lumineux en « paquets d’ondes» qu’il va « séparer » par l’expression de sa fameuse formule : E=hν
En effet, rappelons-nous que l’on peut comparer deux lumières différentes par leurs deux distances de Young, soit deux nombres. Si celui de la première lumière est N fois plus petit que celui de la seconde, la formulation de Planck affirme que le nombre qui exprimera l’énergie spécifique de la seconde sera N fois plus grand que celui de la première. Ce que l’on peut dire ainsi : L’énergie spécifique des lumières est inversement proportionnelle à leur distance de Young. Mais pour les physiciens cette dernière s’appelle à présent « longueur d’onde » et est représentée comme telle. En poursuivant la logique des calculs si l’on divise la vitesse de la lumière (constante et absolue pour toutes les lumières) soit 300 000 km/s par le nombre de la distance de Young qui en caractérise une on obtient un quotient qui lui est proprement spécifique (ν). Donc les grandeurs qui les caractérisent toutes seront inversement proportionnelles à leurs distances de Young (ν= c/λ)
Les physiciens en nommant ces quotients « fréquences », purent alors dire que les énergies comparées sont directement proportionnelles à leurs « fréquences » (E=hν). Ce qui implique que l’énergie ne peut prendre comme valeur que des multiples premiers d’une valeur première minimale fixe (La constante de Planck). Donc impose mathématiquement une discontinuité dans le réel…Mais voilà, « ça marche » !
On va donc, à partir de ce moment, inverser le processus scientifique, qui part de l’observation pour aboutir à une théorie susceptible d’être par la suite expérimentée, pour, à postériori, rechercher dans la réalité des preuves de la validité du modèle qui, à priori, lui, est incohérent. Jusque là en vain ! L’incohérence observée avec les calculs du modèle antérieur (à partir du bleu) est mathématiquement résorbée mais en ouvre une autre dans le réel qui ne va jamais se résoudre. Einstein l’exprimera lapidairement ainsi :
Pourtant, c’est lui qui, oserais-je le dire, va en « ajouter une couche » ! En théorisant l’effet photo électrique (déjà signalé plus haut) il reprend la notion de quantité d’action (quantum) pour interpréter l’arrachement d’électrons d’une plaque métallique sous l’effet d’un rayon lumineux (seules les lumières à distances de Young très courtes chassent ainsi les électrons). Selon lui, cette observation est consécutive à la collision d’une unité minimale de lumière spécifique: Un hν. La vitesse de l’électron ainsi arraché est donc proportionnelle à ν. 30
Ce que Georges Miedzianagora résume très clairement en proposant une analogie avec la conception qu’exposa Dalton en 1800 pour rendre compte des masses spécifiques (les « poids « spécifiques » d’Archimède):
La discontinuité dans le processus de diffusion de la lumière est entérinée !
Mais alors comment expliquer, ce qui n’a bien sûr pas changé, à savoir la distribution des bandes claires et obscures sur l’arrière plan de l’expérience de Young jusqu’alors expliquée par la nature ondulatoire et continue de la lumière et caractérisée par sa dite « longueur d’onde », à l’époque encore nommée distance de Young et inversement proportionnelle à son énergie spécifique.
Comment faire correspondre deux modélisations de la propagation de la lumière dont l’une s’apparent à des vagues sur une surface liquide parfaitement lisse et l’autre à une pluie de « photons », puisque c’est ainsi à présent qu’il faut appeler ces fameux « quanta d’action », au demeurant pure hypothèse conceptuelle ?
Et donc comprendre à présent ce qu’il se passe « réellement » lorsque cette lumière « bicéphale » traverse les deux trous de l’expérience de Young et produit toujours le même résultat : Une série de bandes alternativement claires et obscures sur son arrière plan ?
Soit dit en termes de la nouvelle physique pourquoi (et comment) des « quanta d’action » de grande énergie se répartissent-ils sur les bandes associées à des longueurs d’onde (anciennement Distances de Young31) très courtes alors que ceux de petite énergie le font sur les bandes, elles, associées à des longueurs d’onde très longues ? Et comment expliquer, à présent, la corrélation entre courtes longueurs d’onde et grande énergie et pourquoi la « longueur d’onde » est-elle strictement inversement proportionnelle à l’énergie ?
Que nous dit Einstein ?
Et plus tard, restant un irréductible lucide :
A toutes ces questions il n’y aura pas de réponses ! Ni à l’époque, ni maintenant !
On va se contenter de les « formuler » au sens premier de « mettre en formule » en l’occurrence mathématique ; à la contradiction du réel les physiciens vont substituer la cohérence du calcul. Ce processus de « rationalisation » de la réalité au détriment de celui de sa compréhension, auquel j’ai déjà fait allusion en ce début de texte, trouve peut être ici sa plus belle illustration, si ce n’est son origine, et paradoxalement sa légitimation scientifique. Pour tenter d’expliquer l’inexplicable les physiciens vont utiliser ce que Miedzianagora appelle, avec une belle ironie, « un tour de passe-passe ou plus exactement un tour de passe et passe-pas » ! Les photons passent et ne passent pas par l’un ou l’autre trou ?!!!
Ou que les particules peuvent exister indifféremment et simultanément en deux endroits différents bafouant sans aucune lucidité les trois axiomes irréductibles de la physique antique : Le principe d’identité, le principe du tiers exclu et le principe de non-contradiction32 Qu’à cela ne tienne ! Ils vont attribuer, par une formalisation mathématique, une « onde de probabilité » aux « quanta d’action » de lumière qui correspond à ce que l’on observe sur l’écran. Ils inversent le protocole scientifique qui permet de donner une formulation mathématique à partir d’un fait avéré en réduisant, cette fois ci, la contradiction des faits par une expression mathématique, en quelque sorte, juste en soi. Et intègrent de l’incertitude et l’escamotent par le calcul (de probabilité) ; le début de la fameuse modélisation du réel, aujourd’hui incontournables instruments de connaissance, dont on « mesure » ici le caractère bancal des origines.
Car alors, au bout du compte, qui comprend ? En fait personne !
Et c’est ce que nous dit, avec une assurance désarmante Richard Feynman (prix Nobel de physique de 1965 avec Julian Schwinger pour leurs travaux en électrodynamique quantique) dans son livre La nature des lois de la physique (Marabout université, Paris 1983 p.158 puis p.155 sq):
Si l’on ne comprend pas c’est que la nature est incohérente. Circulez, il n’y a rien à voir !
A partir de l’interprétation d’Einstein, en 1905, tout c’est accéléré…De partout affluent des formalisations mathématiques qui viennent exprimer la situation incomprise (De Broglie, Bohr, Heisenberg, Schrödinger, etc.). Ce sont les premières mécaniques quantiques qui ne se fonderont que plus tard en La mécanique quantique officielle, bientôt institutionnalisée.
En résulte d’abord un grand soulagement et, plus étonnamment, une sorte de puéril éblouissement ; voici ce qu’en dit Georges Miedzianagora :
Ainsi un siècle après ce schisme épistémologique rien ne semble avoir changé. Pour le vérifier et se détendre un peu, consultons la page Wikipédia sur ce sujet « Dualité onde-corpuscule ». Tout est compréhensible sauf le dernier paragraphe : « Interprétation de la dualité ». Et si nous ne comprenons pas (ce qui semble envisageable !) en voici la raison ; au premier abord, disons, loufoque, mais, somme toute, plutôt pertinente :
Heureusement qu’il existe un vocabulaire pour nous permettre de comprendre,… que nous ne sommes tout simplement pas aptes à comprendre ! Et que personne ne l’est ! L’incohérence reste flagrante ! Et la non-réponse toujours aussi hermétique….bien qu’il faut le reconnaitre ici, plutôt rigolote !
Mais, si l’on réfléchi un tant soi peu il est assez facile de se rendre compte qu’en fait tout a changé et de manière prodigieuse car, à partir de ce moment là, la science a définitivement renoncé à comprendre et expliciter le réel, s’est détournée, en fait, de ce qui la différenciait foncièrement de la théologie c'est-à-dire réfuter tout dogme inexplicable, tout a priori. Cette capitulation semble aberrante, impossible même, tant la période qui la précède semble nous montrer, à contrario, une recherche scientifique en plein épanouissement, confiante et enthousiaste, se croyant enfin dégagée de l’emprise religieuse et persuadée d’accéder, dans un futur proche, à une ultime et définitive compréhension du réel. Mais alors, l’était-elle vraiment ?
Que c’est-il s’est passé et pourquoi tout a soudainement basculé ?
Rappelons que l’incompris est consubstantiel à la recherche fondamentale ; il en est même, si j’ose dire, le moteur, voire son origine. Nous voulons savoir ! Cette curiosité nous anime au plus profond de notre être ; elle est ontologique et mérite, de ce fait, question : Qu’est ce qui veut connaitre en nous ? J’y reviendrai peut être….
La physique, comme il a été dit plus haut, a pour unique objet l’observation, pour la comprendre, de la nature des choses, corps, réalité, « en soi », etc. peu importe, ici, le nom qu’on lui donne. Et cela a débuté il y a 25 siècles ! Certainement bien avant d’ailleurs mais il ne nous en reste pas de trace ou bien nos règles d’interprétation, captives de nos conditionnements, ne nous permettent pas de les interpréter sainement…
Cinq siècles étonnamment privilégiés, autant que nous pouvons véritablement le savoir, mais qui nous ont légué l’essentiel, les bases et surtout le mépris du mythe et du divin. Et ce jusqu’à Platon et au triomphe du christianisme…Et puis les ténèbres, 1700 ans d’aveuglement, d’impénétrabilité, de persécutions, de martyrs, de petitesse, d’inepties, de stupidité…, avant de voir réapparaitre un peu de lumière (toujours elle !) pour pouvoir à nouveau affirmer, tout simplement et librement, que la terre n’est pas plate et que le soleil ne tourne pas autour d’elle.
Les XVIIème et XVIIIème siècles qui suivront, seront ceux de la « nouvelle » philosophie naturelle, celle qui semble s’être enfin émancipée de la religion, qui la supplante dans les esprits cultivés et semble en passe, enfin, de régner. Mais nous l’avons vu, la théologie protestante qui n’a jamais renoncé et son influence sur cette communauté en voie d’affranchissement reste prégnante. Et, à l’instar de Mach « inspiré » par Kant, il est manifeste que c’est toute une partie de cette communauté scientifique qui demeure sous influence. Ecoutons Bohr, puis Heisenberg :
C’est de fait une constante historique : Les esprits scientifiques, au même titre que leurs contemporains, sont culturellement déterminés par la pensée dominante de leur époque et cela, malheureusement bien souvent, à leur insu, ne peut manquer, de formater leurs modes de pensée. La question de la croyance au divin, si elle n’est pas, à priori et publiquement extirpée, demeure tapie au plus intime des intelligences les plus rationnelles. C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui comme j’ai essayé de le démontrer plus haut… De plus le pouvoir religieux ne s’est jamais contenté de son emprise spirituelle ; de tout temps il est sans cesse intervenu directement dans le temporel. Et à cette époque les honneurs et les carrières lui demeurent encore souvent assujettis. Rappelons que la société allemande « moderne » s’est fondée sur la Réforme luthérienne et a finalement engendré une « théologie laïcisée » prépondérante en occident : L’existence de Dieu et de la science peuvent coexister à la condition impérative que cette dernière cantonne son champ d’action et de recherche aux seuls phénomènes, aux qualités secondes. La « chose en soi » est un domaine réservé et l’opprobre ne pourra manquer de s’abattre sur tous ceux qui transgresseront cette limite. Voilà qui ne peut manquer d’être efficacement dissuasif.
Alors au cours de l'année 1900 lorsque « surgit » la « catastrophe ultraviolette » et que Max Planck propose sa solution « quantique » il est permis de penser que la communauté scientifique manque singulièrement, concernant le réel, d’un socle conceptuel philosophique stable pour résister aux conséquences qui s’annoncent. La science est, soit totalement découplée de la philosophie, soit aux mains de la théologie protestante. Dans les deux cas elle se retrouve poreuse à l’idéalisme et prompte à arrêter sa quête à la simple étude des phénomènes. Et à accepter de ne plus réfléchir dans la mesure où la « simple formulation» est à même de rendre compte du « mystérieux prodige » et la logique mathématique suffisante à la valider.
Sans se rendre compte qu’ils rendent les armes à la croyance, les physiciens vont affirmer que « le réel est hors de portée de toute compréhension possible » et qu’ontologiquement, « c’est la nature des choses elle-même qui interdit l’intelligence de la réalité.» J’ai bien dit « sans se rendre compte ! » car c’est bien là le pire puisqu’il implique qu’à partir de ce moment là, le dogme (non considéré comme tel) ne pourra plus être contesté.
La logique scientifique vient d’entériner logiquement l’illogisme qui à présent la fonde…N’est ce pas d’ailleurs là le substrat de la pansée Kantienne ?
Dorénavant les étudiants en physique vont devoir se faire une représentation du réel à partir de la mécanique quantique qu’ils ne comprennent pas évidemment mieux que leurs enseignants.
Ces fameuses « ondes de probabilités » dont seraient pourvus les photons leurs sont présentés comme des faits. Mutatis mutandis, « ce qui devait être changé ayant été changé », tout est à nouveau possible, et plus aucun délire conceptuel ne nécessitera d’être compréhensible (c.-à-d. qui peut être saisi par l’intelligence) pour être validé. De la théorie du big-bang « preuve scientifique » d’un arrière monde puisque "ex nihilo nihil fit" (« rien ne vient de rien ») à la quête de l’insaisissable « boson de Higgs», de la « théorie des cordes » à l’existence des mondes parallèles, la physique fondamentale semble totalement décomplexée et livre au monde, sans aucune retenue, les résultats (il est vrai souvent extrêmement spectaculaires) de leurs délirantes et fantastiques projections mentales sur le réel.
Très paradoxalement, si ce mot ici a encore un sens, en niant la nécessité de comprendre la structure essentielle de la matière, en lui refusant même ainsi toute existence objective, ils en arrivent aujourd’hui à en « inventer » artificiellement des représentations qui cette fois ci ne sortent d’évidence plus que de leurs cerveaux, il est vrai exceptionnels mais irrémédiablement fêlés !!!
Où en sommes nous donc, aujourd’hui, en ce début de XXIème siècle ? Le pont jeté au dessus du vide semble indestructible. La double discontinuité qu’a introduite la création de la mécanique quantique dans l’évolution récente de la connaissance est, pour la quasi-totalité des intellectuels contemporains (toutes disciplines confondues, physiciens compris) totalement imperceptible ; césure épistémologique gigogne parce que concernant dans un premier temps, comme nous l’avons vu, la structure même du réel (propagation de la lumière par « quanta d’action » et « onde de probabilité ») et, consécutivement en second, l’effondrement du renouveau de l’intelligence («action de comprendre, faculté de comprendre, entendement ») réinitiée par Newton et Locke deux siècle plus tôt. Ainsi, comme le dit Georges Miedzianagora :
Mais ces ténèbres, à contrario des antérieures, ne sont plus constatables, ni contestables…et ne suscitent plus aucune révolte. Tout contribue à nous faire croire que la science triomphe, que la connaissance ne cesse de progresser et que nous sommes au seuil de fantastiques découvertes aptes à résoudre l’ensemble des problèmes auxquels nous contraint, pour l’instant, un « progrès » encore adolescent. Quant à la philosophie il est facile de constater qu’elle a totalement abdiqué toute prétention à s’immiscer dans le champ scientifique et qu’elle se contente, quand elle s’en approche, d’en commenter les effets d’un simple point de vue moral. Il est vrai que l’extrême complexité de la « boite à outils » mathématiques des sciences physiques, couplée à leur jargon et leur rhétorique absconse ont établi une barrière quasi infranchissable aux non-initiés. Tout particulièrement dans un monde où l’efficacité du calcul mathématique, sans cesse « prouvée » par l’ubiquité informatique, s’impose dorénavant comme l’indéfectible mythe de notre « modernité ». Ecoutons encore une fois Georges Miedzianagora nous alerter de manière si prémonitoire,
avant de revenir, avec lui, sereinement à la double et originelle question, à présent totalement ignorée, voire méprisée et reléguée dans le champ de l’inutile : Qu’est ce qui unifie et que sont les trois « choses » primordiales dont nous sommes sûrs que, par leur interaction, elles (infra) structurent le réel : Les masses, les lumières et les forces ?
Originelle, car souvenons nous que c’était bien, en fait, celle que se posait déjà les sages antiques lorsqu’ils s’interrogeaient sur l’inéluctable interconnexion de l’air, de la terre, de l’eau et du feu. 2500 ans plus tard, même si nous les avons réduites à seulement trois, nous ne savons toujours pas ce que sont ces « choses » ni comment elles se transforment l’une en l’autre et/ou interagissent l’une sur l’autre et réciproquement. Et, c’est bien là le pire et l’expression d’une immense régression, les physiciens ne s’en soucient plus d’aucune façon !
Ils sont finalement tous redescendus dans « la caverne de Platon » 34 où sur le mur en face d’eux, fascinés, ils peuvent admirer les images fabuleuses que produit leur hallucination collective ; rien ne semble plus pouvoir les en détourner et leur faire prendre conscience qu’ils sont en réalité cernés par l’obscurité. Bien que lucides sur le caractère imaginaire de ces projections tout les convainc qu’elles sont fondées sur des axiomes validés et solides alors qu’il ne s’agit que de dogmes par eux-mêmes érigés.
D’une certaine manière, je voudrais affirmer ici que Georges Miedzianagora est cet homme ! Lui, d’abord et avant tout philosophe et irréductible athée, ne s’est pas échappé de la caverne mais a décidé d’y descendre et d’y porter la contradiction. Son intelligence et sa volonté lui ont permis après plusieurs années de travail de franchir la barrière conceptuelle ésotérique qui protège la mécanique quantique au point d’en devenir familier des outils mathématiques qui servent à la légitimer. Et c’est de l’intérieur qu’il l’a pulvérise en ramenant à la surface les insoutenables contradictions qui lui servent de piliers. Et, de plus, poursuivant sur sa lancée, il propose, renouant avec Newton, une nouvelle conception de la lumière, qui permet de résoudre sans la trancher sa double nature, ondulatoire et corpusculaire. Et, se paye le luxe, pour, mathématiquement, la formaliser, de faire appel à Paul Glansdorff (excusez du peu !35) difficilement contestable pour ces compétences.
Il me faut donc à présent tenter d’en donner succinctement (autant qu’il est possible) les grandes lignes, avec le seul objectif de renvoyer à nouveau l’improbable mais précieux lecteur qui m’aura suivi jusqu’ici, à la lecture complète des « Dieux post-modernes » dont il faut encourager l’étude dans toutes les universités du monde. Donc pour répondre aux interrogations que la physique à décider d’ignorer et d’enjamber et qu’à présent elle a tout simplement oubliées il propose donc d’envisager la lumière à partir d’une nouvelle supposition ….Elle est « fort simple » :
Rappelons que la notion de« longueur d’onde », que continue d’utiliser les physiciens, ne correspond qu’à une conception « ondulatoire » de la lumière dans l‘ « éther » devenue fort « problématique » par la disparition de ce dernier. Seule l’expérience des fentes de Young, observation incontournable, demeure et doit toujours être explicitée. Elle permettait, à partir de la répartition des bandes claires et obscures sur l’arrière plan de l’expérience, de calculer les longueurs séparant deux ondes de ces lumières alors « ondoyantes » et ainsi de les caractériser. Mais cette théorie ne permettait pas de rendre compte de l’arrachement de photons à une plaque métallique avec certain type de lumières à ondes très courtes. Einstein « résolu » ce problème en supposant « l’aplatissement temporel » (ou la réunification en un instant d’une série de vagues) en un « quantum » de lumière d’une énergie instantanée composé de « v » vagues chacune d’énergie « h » (Planck) et donc égale à 1 (hv). Mais cela n’explique toujours pas pourquoi et comment les lumières qui se sont « aplaties » peuvent en passant par deux trous distincts se répartir, comme l’expérience persiste à le montrer, en « franges d’interférences » à distances de Young courtes pour celles de grandes énergies et en « franges d’interférences » à distances de Young longues pour celles de moindre énergie ?
Ce que propose Miedzianagora part bien de l’idée de Planck que dans chaque lumière d’une « longueur d’onde » donnée existe une énergie spécifique qui lui est propre. Dont Einstein interprétera l’existence (comme Dalton pour les masses spécifique avec leurs atomes spécifiques) en affirmant que chaque lumière d’une énergie spécifique d’indice « hν » est faite de quanta ayant eux même une énergie spécifique égale à un « hν ». Il en déduit que l’on peu interpréter l’énergie spécifique d’une lumière comme consécutive à la densité spécifique de son débit en quanta ; l’énergie spécifique de ce quanta-unité demeurant commune à toutes les lumières. Il en déduit donc que :
Or, nous venons de le voir, plus le débit est dense, plus l’énergie est grande et, plus sont donc proches, l’une de l’autre, les particules voisines qui le constitue. Plus est donc courte « la longueur d’onde ». L’énergie et la « longueur d’onde » sont donc bien ici en proportion inverse l’une de l’autre. De même concernant l’effet photoélectrique (qu’Einstein explique par l’action d’un quantum d’1 hν) il est facile de comprendre qu’il faudra une densité de particule minimum (liée à une intensité de débit spécifique) au contact de l’électron pour l’éjecter et que plus augmentera cette densité, plus la vitesse de l’électron éjecté s’en trouvera amplifiée.
A présent essayons de comprendre la formation des bandes claires/obscures que l’absence d’onde n’explique plus. Pour ce faire il est nécessaire de se souvenir de l’effet de diffraction « de bord » en optique. Il se produit lorsqu’une lumière, à partir d’une source ponctuelle, « rase » le bord d’un écran comme on peut le constater sur le schéma ci-dessous. Si la lumière est assez « intense » on peut constater un effet de « franges » alternées claires et obscures à la limite de l’ombre portée et de la partie éclairée.
|
Voici l’interprétation qu’en donne Miedzianagora, partant de son hypothèse que la lumière est un flux de particules:
Une autre partie des particules heurte le bord de l’écran et est réfléchie vers l’avant, c'est-à-dire dans l’espace au delà de l’écran. Je la nomme : « B »
Des particules réfléchies de type B rencontrent, en les déplaçant, des particules de type A [et vice-versa]. (Des particules de typa A, déplacées par des particules de type B, rencontrent, au cours de leur déplacement, d’autres particules) ; Des effets de ces rencontres, résultent des franges, plus ou moins claires et obscures, observables sur un second écran posé en arrière du premier. »
La densité relative des particules A et B sont bien sûr déterminantes pour obtenir le phénomène ; celle de B étant d’autant plus importante que la lumière est rasante….
C’est exemple est la modalité la plus simple ; observons ce qui se passe lorsque le débit de particules rencontre un écran percé d’un petit orifice :
Il en va de même dans le dispositif de Young qui n’est qu’un doublement du précédent : Deux orifices séparés par une petite distance dont on fait varier respectivement le diamètre et la distance afin d’obtenir sur l’écran des franges dites cette fois ci d’interférences. Rappelons que :
Sans la décrire ici (en renvoyant donc à son livre) la démonstration de Miedzianagora, permet d’expliquer l’apparition (ou non) des franges lumineuses observées dans l’expérience de Young et ce dans tous les cas de figures consécutifs à la modification possible des différents paramètres (diamètre des orifices, distance de la source lumineuse au plan percée, distance entre les trous, etc.). Cette conception de la lumière qui considère le photon comme un débit de particules (infraphotons) fourni, enfin, un modèle logique d’interprétation des franges d’interférence de l’expérience de Young.
En 1938, dans un livre « L’Evolution des idées en physique » (Ed. Flammarion) coécrit avec Léopold Infeld, Albert Einstein déclarait ceci :
Alors, 54 ans plus tard, la démonstration de Georges Miedzianagora (1992) n’est-elle pas, le début d’une splendide réponse aux questions écartées mais non résolues, subterfuge qu’Einstein ne se résigna jamais à entériner !
Pour en apprécier la pleine mesure il nous faut aborder la seconde partie « [D]es dieux post-modernes » où son auteur, à partir de cette nouvelle conception corpusculaire de la lumière, renouant cette fois ci avec la pensée « atomiste » antique, propose enfin aux physiciens (sous influence) une théorie simple et unificatrice de la réalité des corps, celle à laquelle Einstein ne cessa, en fait, jamais de songer.
Miedzianagora pense ce nouveau modèle et nous entraine à sa suite dans un possible où tout devient compréhensible, où les relations de causalité décrivent logiquement les phénomènes sans avoir à enjamber d’irréductibles contradictions. Mais pour ce faire il lui faut au préalable, et nous avec, revenir à la philosophie fondamentale (comme il y a une recherche fondamentale…), celle qui s’occupe de l’essence de l’être, celle qu’Aristote définie ainsi :
Ce texte pose le principe (déjà évoqué plus haut) qui fonde tout acte philosophique. Une chose ne peut être autre chose que ce qu'elle est et ce qui est vrai ne peut être faux soit celui de l’identité de l’être et de non contradiction logique.Et puis tout particulièrement celui qui dit (déjà, au Vème siècle avant JC, par les voix de Parménide et d’Héraclite), que l’être ne peut être que de toute éternité, soit l’Axiome de conservation !
Ecoutons Parménide37 :
Et Héraclite :
Et il ne s’agit pas ici, comme certains pourraient bien seulement l’entendre, d’une simple rhétorique, d’une logique purement formelle, qui par abus de langage, décrirait le réel par une correspondance usurpée. Mais bien du résultat d’observations, d’expériences et de réflexions que les humains ont accumulées au cours des âges et de processus mentaux logiques, substrats de notre capacité à connaître.
Pour tous ceux que l’abstraction apparente de ces deux citations rebuterait je leur conseillerais de remplacer « être » par « univers » et de se référer à ce qu’ils savent, par exemple, de la théorie du Big Bang. Comment penser que l’univers est issu d’un lieu ponctuel dans le néant ? S’il n’y avait rien « avant », le positionnement même de cette origine n’a lui aucun sens ! Pourtant, de nos jours, les physiciens s’acharnent à remonter au plus près de cet instant/espace avec le fol espoir d’en atteindre l’au delà où d’évidence ils ne peuvent que rencontrer,… Dieu !
Car le dilemme (celui que la théologie s’emploie à nous imposer…) s’exprime bien par, et uniquement par, cette alternative :
-Soit l’ « être » (l’univers comme totalité de ce qui est) a toujours existé, est eternel et donc, unique…
-Soit il provient, par nécessité, d’un au-delà de lui-même ce qui n’a de sens que pour des esprits assez faibles pour croire en « quelque chose » qui contiendrait cet univers donc, dans le même temps, en serait dissocié, extérieur ! Ce qui implique donc des réalités gigognes et détruit l’idée même du tout qu’elle prétend expliquer car l’existence de deux totalités est, par définition, une absurdité.
Ce qu’Aristote, par la voie de Simplicius39, avait aussi entériné simplement ainsi :
Il est important de remarquer que depuis lors ces principes et notamment le dernier « Ex nihilo nihil fit », s’ils n’ont plus jamais été contestés, même par les théologiens, n’ont, par contre, pas été rigoureusement appliqués.
Surtout parce qu’à peine énoncé, celui de la conservation offrait un paradoxe énigmatique :
Si l’univers est éternel comment expliquer le changement permanent que nous pouvons y constater ; la réponse antique commune à tous fut : Le mouvement… Les corps (ou choses) qui constituent le réel qui ne changent pas….peuvent changer de place ! Et le paradoxe n’étant pas une contradiction les physiques naturalistes et/ ou atomistes d’un côté et celles de Platon de l’autre ne pouvaient manquer d’y apporter des réponses, sans surprise, opposées.
Bien sûr, pour les seconds, ce mouvement ne peut que leur être imposé de l’extérieur par une intelligence qui les organise. Platon:
Il est toujours étonnant de constater l’illogisme consternant de l’idée d’un Dieu, anthropomorphe, maître d'œuvre de l’univers (avec ses petites « mimines »), à qui, de surcroit, l’on (en l’occurrence Platon) prête des jugements de valeurs (ordre/désordre) qui ne sont bien sûr que les siens. On a peine à penser qu’une intelligence, de son niveau supposée, puisse avoir cru et théorisé de telles billevesées.
Au moins Aristote, reprenant Anaxagore, se maintient-il dans le cadre de la litote :
Nous voilà de retour dans l’intelligible dont on peut, au passage et 2500 ans plus tard, admirer la pertinence! Pourtant ni Démocrite, ni son épigone Epicure ne pousseront le raisonnement jusqu’à y inclure les sentiments (les phénomènes) qu’ils dissocieront de la matière en nous en attribuant, à nous humains, la seule production.
Et puis :
Il est facile de repérer ici l’origine de la fameuse distinction Lockéenne entre « qualités premières » et « qualités secondes » que nous avons déjà évoquée ci-dessus; mais pour Locke, cette distinction, n’implique pas une véritable rupture avec le principe de conservation. Puisque « rien ne peut provenir de rien » il lui faut penser que les qualités secondes possèdent aussi une certaine objectivité même si elle ne peut être révélée que par la conscience que nous en avons. Si un corps existe en dehors de notre perception (la lune ne disparait pas si nous ne la regardons plus !) il ne peut, d’évidence, en être de même pour sa couleur, puisque, sans nous, l’idée de couleur n’existe pas ; mais cela ne signifie pas qu’il n’existe rien de tangible et d’indépendant dans la matière, une fois « activé » par la lumière (ou l’inverse !), apte à produire en nous une perception différenciée pour chaque couleur :
De là à étendre à l'esprit et aux idées elles-mêmes, il n’y a qu’un pas dont Locke ne se prive pas :
Sa modestie, vu la puissance du raisonnement, laisse rêveur, comparée tout particulièrement aux certitudes erronées et dogmatiques de tous ses détracteurs (Berkeley, Leibniz, etc.).
Ceci bien en mémoire, revenons au présent et à l’état de la physique post-quantique…qui, c’est un fait avéré, ne prétend plus (ne s’intéresse même plus !) à ce questionnement pourtant fondateur… Et qui le dit ? Ernst Planck !
Ce que Miedzianagora résume très clairement ainsi :
Et, implacablement, poursuit par cette affirmation :
Alors que savons-nous ?
D’où les questions:
A présent nous avons à notre disposition l’hypothèse opérationnelle que les « photons », associés à la lumière par Planck et Einstein comme « paquets » d’énergie élémentaire (ou quanta de rayonnement électromagnétique) puissent, eux même, être composés d’infraphotons. Ces derniers (cf. p.44) sont considérés comme des particules toutes identiques ; et seule la variation de leur densité de flux à un instant donné différencie une lumière d’une autre…
Alors les masses (ou corps):
Comme la sagesse antique l’avait déjà décrit et la physique contemporaine le confirme tous les corps se transforment les uns dans les autres : Ils transmutent ! De la masse peut devenir lumière et vice-versa (E= mc2). Il est donc possible d’en déduire logiquement que les deux, en dépit de leur discontinuité apparente, possèdent une identité commune ;
Le schéma ci-dessous en donne une représentation très simple mais explicite. Si le flux d’infraphotons s’incurve selon un arc de cercle on est en droit de supposer qu’ils aboutissent ainsi à former « masse ».
Sachant que chaque particule (ou infraphoton) est doté, de quatre propriétés, inaliénables et indissociées :
et que passer du trajet en ligne droite à celui incurvé ne modifie en rien ces quatre propriétés, il devient évident qu’une lumière incurvée peut ainsi acquérir toutes les propriétés des masses. Par ailleurs et par observation, on sait, que la lumière est sensible à la gravitation et s’incurve par exemple à proximité d’un trou noir. Cette inertie latérale ne peut que se conserver à l’état de masse et explique ainsi la sensibilité de ces dernières, aux mêmes effets.
A l’inverse, à partir d’une masse, la courbure des infraphotons se « redressant » en ligne droite permet d’expliquer sa transmutation en lumière… ;
C’est le principe de non-création, non-anéantissement (« ex nihilo, nihil fit ») qui est à la source de la 4ème propriété. Pour qu’une particule (comme tout autre corps en mouvement) puisse inverser, instantanément, le sens de son déplacement il lui faudrait anéantir son mouvement puis le créer dans le sens opposé. Cela supposerait qu’il ne soit pas inséparable de cette particule et qu’en quelque sorte elle en soit seulement le réceptacle, une fois dans un sens et une fois dans l’autre.
Difficilement concevable! Pourtant l’indissociabilité d’un mouvement orienté et d’un corps n’a jamais été théorisée ; a contrario, on explique le déplacement d’un corps par un autre par suite d’un transfert d’énergie cinétique consécutif à leur collision. Tel que nous pouvons l’observer par exemple suite au choc de deux boules de billards. Mais si l’on considère ces deux masses comme « amas cinétique d’infraphotons », ce qui (nous venons de le voir) n’est envisageable que si les quatre propriétés se conservent, le transfert de mouvement alors impossible devra être remplacé par un transfert d’infraphotons d’une masse à l’autre sans que chacune d’entre elles ne perde sa spécificité.
On peut par exemple imaginer, pour chaque corps, un redressement ponctuel d’une certaine quantité de particules, provoqué par le « choc » et proportionnel à son intensité (soit à la vitesse conjuguée des deux corps en mouvement opposé), puis réabsorbée (réincurvée) dans le même instant par son vis-à-vis, lui « insufflant » en quelque sorte ainsi le mouvement dont elle est toujours détentrice, donc inverse au sien. Le principe de conservation s’en trouverait préservé…43
A présent les « forces » :
Ces noms recouvrent encore une fois l’incompréhension profonde dont ils définissent pourtant les effets. La notion de « champ » sert d’explication ultime alors qu’elle ne répond en rien à la question : Qu’est ce que la force ? Elle permet cependant d’en prévoir les effets sur les corps ce qui pour les physiciens est à présent amplement suffisant et autorise de penser que cette question ne se pose plus.
Rappelons que les « forces » agissent au sein de deux espaces distincts bien qu’intriqués : l’infiniment grand et l’infiniment petit ; celui des planètes et des astres pour la gravitationnelle et celui subatomique (électrons/noyaux des atomes) pour l’électromagnétique. Cette dernière ayant un double caractère ; en plus d’attirer
Du temps de Newton et face à la même démission, Voltaire s’insurgeait déjà, en dénonçant les implications théologiques. Car dès que la science ne prétend plus comprendre, Dieu s’engouffre dans le vide ainsi laissé…
Cette condamnation, sans appel, d’un des esprits les plus éclairés de ce XVIIIe siècle, qui nous dit qu’une science qui mène à Dieu ne mérite pas plus de considération qu’un catéchisme, devrait encore retentir sèchement aux oreilles de nos philosophes « dits » modernes si peu enclins à s’interroger sur le bien-fondé et l’aboutissement de nos sciences, « dites », elles, exactes ! Mais au XVIIIe la théorie de Newton crée un schisme car elle est en contradiction avec le principe de conservation : rien ne se crée de rien ; Or sa « force » crée le mouvement des planètes et des astres ou/et sa variation « ex nihilo » ! Impensable pour les Cartésiens qui forts de l’axiome d’identité éternelle des physiciens grecs, alors réactualisé, qui affirmait l’éternité de l’univers et de tout ce qui le compose, considéraient qu’ :
Y déroger impliquait de régresser vers les conceptions Platoniciennes et Aristotéliciennes qui croyaient à la genèse du mouvement à partir d’un « moteur immobile » ; Dieu, bien évidemment !Pourtant l’efficacité des calculs de Newton et la justesse de leurs prévisions ne pouvaient être niées... Avant-goût de ce qui se passerait deux siècles plus tard avec la mécanique quantique, et Voltaire passant, on se résigna ; et à cette « force occulte» qu’il fallait bien admettre, on en ajouta d’autres aussi mystérieuses pour finalement aboutir aux quatre précités.
Rien n’a donc bougé et, aujourd’hui, cette « force » mystérieuse l’est toujours tout autant ! Si nous savons, évidemment, bien mieux calculer et prévoir, pas la moindre avancée sur ce qui agit et comment cela agit ? Comment, d’ailleurs, pourrait-il en être autrement puisque ces questions sont à présent obsolètes voire même tout simplement « ringardes »…
Seul, Miedzianagora qui n’a pas renoncé, poursuit mordicus son intraitable logique !
L’on n’a pas oublié que ces « corps lumières » sont éternels, qu’ils possèdent une certaine étendue (volume) et sont indéfectiblement associés à la quantité de mouvement qui les anime et dont, de plus, la vitesse (la célérité) est ultime et constante (c= 299 792 458 m/s). Et, considérant que toute notre perception du réel est conditionnée à l’existence de la lumière, de notre point de vue donc, omniprésents.
Ce qu’en quelque sorte, corroborent la recherche et la découverte fortuite en en 1964 d’une sorte de rayonnement fossile interprété, dès lors, comme une preuve de la théorie du Big Bang.45
Carte du fond diffus cosmologique
du ciel en entier, duquel on a soustrait la lumière de la voie lactée ; ce rayonnement a été émis il y a 13,77 milliards d'années et démontre des variations de températures de l'ordre des microkelvins. |
Alors pour Miedzianagora, vous l’aurez pressenti, il ne s’agit, ni plus ni moins que de la preuve de l’omniprésence d’une lumière (i.ph.) universelle. Et cela ne peut que conforter l’hypothèse étonnante mais explicite qu’il propose pour expliquer d’abord le « champ de forces » électromagnétiques et qu’il expose ainsi:
Et maintenant la « force » de gravitation : 1038 fois plus faible que l’électromagnétique !
Ici la notion de « fond diffus cosmologique » vient encore le servir… En effet, en y superposant l’idée de l’omniprésence d’un flux d’i.ph éternels et omnidirectionnels, on parvient se représenter l’univers comme un « bain » infini, sans origine et sans fin, de lumières/corps (étendues) en perpétuel mouvement à vitesse constante (C) dont tout « être » procéderait ; une totalité enfin, physiquement compréhensible !
De là, chaque corps/masse (planètes étoiles) en résultant y demeure soumis à une pression constante provenant de toute part et le soumet à « une action d’accélération nulle ».
Il est facile de se le représenter en tant qu’ « ombre portée » et de comprendre que les surfaces ainsi définies (les « ombres » réciproques que chacune d’entre elle produit sur l’autre) recevront une quantité moindre d’ i.ph et qu’ainsi un « tunnel » de moindre résistance entre ces masses sera généré. Et que, par conséquence, elles auront tendance à se rapprocher :
Et aussi l'interaction électromagnétique au sein de l’atome :
Bien que le modèle subatomique corresponde, grosso-modo, à celui des planètes gravitant autour des étoiles, la petitesse des masses respectives des électrons et du noyau, corrélée à la très faible distance qui les séparent n’a pas permis aux physiciens de lui appliquer la loi de la gravitation. Ils ont donc fait appel au champ électromagnétique et depuis la mécanique quantique à une nouvelle sorte de particules : « Les virtuelles » ! Concept qui mérite certainement un petit détour tant « elles » sont emblématiques de ce que l’on ne peut nommer autrement que l’ « imposture quantique ». Comme l’on peut le constater en consultant la note ci-dessous47 il s’agit, ni plus ni moins, que de postuler l’existence (la non-existence ?) de particules qui peuvent « être » « en dehors des lois », en parfaite contradiction avec tous les principes fondamentaux (viol de celui de la conservation, apparition/disparition, etc.) en toute quiétude épistémologique puisqu’elles sont (et la formulation est des plus cocasse !), « compatible avec les relations d'incertitudes » !!! C'est-à-dire qu’elles sont censées donner « corps » aux élucubrations mathématiques qui sont forcées de les prédire pour demeurer cohérentes… Et depuis on les cherche, tout particulièrement le boson de Higgs 48
Pour Miedzianagora tout est un peu plus simple !
Il rappelle d’abord que, par exemple pour un atome d’hydrogène, la masse de son électron est 1840 fois petite que celle de son noyau, mais qu’ils ont une « étendue » similaire de l’ordre de 10-12 m.
Deux sphères de même diamètre, donc de même surface, dont l’une serait 1840 fois moins « lourde » que l’autre! On comprend aisément que cette dernière soit beaucoup moins déplacée par les chocs des i.ph et soit d’une bien plus grande « stabilité ». Le nouveau principe de gravitation semble donc, également ici, apte à comprendre et expliquer ce qui se passe réellement…Et ca continue !
Soit « poussé » par les i.ph extérieurs vers la masse (c’est moi qui rajoute !). Et Miedzianagora clos ce chapitre ainsi :
Et puis dans les 10 dernières pages de cet extraordinaire ouvrage qu’est ce « Manifeste pour la transparence de la science », Miedzianagora nous accompagne et nous instruit de ses ultimes déductions. Et, comme c’était prévisible, il soutient que ce qui est à présent validé pour les « corps » doit pouvoir l’être pour la « conscience », le « sentiment », la « pensée ». Et qu’en appliquant, sans défaut, toujours les mêmes principes (identité, conservation) il est possible, (enfin !), de s’extraire du Dualisme, d’unifier le psychisme et la corporéité. Il introduit son argumentation par deux citations (en fait une dédoublée !) qu’il me faut, d’évidence, reproduire ici, tant elles relient cette partie de mon texte à son intitulé ;
Descartes d’abord :
Que Spinoza reprendra à son compte, mots pour mots :
Nous savons d’expérience que notre conscience est « changeante », que des superpositions de sentiments parfois même contradictoires « nous habitent » et que notre perceptivité (comme l’invente Locke) recouvre l’ensemble des sensations qui nous parviennent et nous mobilise (également de lui), nous font bouger. Pourtant quoi qu’il se passe en nous nous restons indéfectiblement nous-mêmes, en quelque sorte identiques à nous-mêmes. Pour chacun d’entre nous, la conscience que nous avons de nous même, est insécable, impartageable, intransposable. Elle est unique et fonde la distinction entre chaque individu, son ontologique identité. L’idée de la « télépathie », comme réceptivité à autre que soi, est une absurdité ; l’esprit d’un être humain ainsi doté, soudain submergé, n’y résisterait évidemment pas et se désintégrerait instantanément.
Mais nos sentiments changent, évoluent, modifient en permanence ce qui nous constitue et ne peuvent être créés « ex nihilo ». Bien qu’ils puissent se succéder, le sentiment de colère ne peut surgir directement de celui de la peur, ou la sensation de froid de celle de la solitude !
Cela impliquerait, dans le même instant, l’anéantissement de l’un et la création de l’autre ce qui est exclu par nos principes ! A s’en tenir à eux il nous faut donc trouver ce qui « change de place » sans altération d’identité.
Mais (ici, et ce n’est peut être pas si étonnant, le langage nous renseigne…), la conscience, peut être dite composée d’états ; il nous suffit alors de supposer qu’eux, ne changent pas.
Pour répondre à cette difficulté Miedzianagora émet l’hypothèse, au premier abord déroutante, mais imperturbablement logique, que puisque les sentiments changent cela implique que « ce » qui les constitue a changé de place ! Et que ces changements de place sont consécutifs à d’autres changements de place qui ont eu (ou ont) lieu en dehors d’eux. Sans, pour autant, retourner à la thèse des atomistes grecs qui considéraient que « les sentiments ne sont que des corps et du mouvement de ces corps », ni que les corps, « dépourvus de sentiment en produisent »,il est possible de penser que le sentiment est l’occupant d’un lieu. Comme, il l’a déjà été démontré, l’impénétrabilité des corps est un fait et ne peut être démenti sauf à régresser en théogonie ; Il est de même alors possible de postuler que deux sentiments ne peuvent se trouver, en même temps, à la même place….
Pour qu’un sentiment s’installe à la place d’un autre sentiment il faut donc que ce dernier la quitte du fait de son impénétrabilité… « Autrement dit, l’être, où sont les sentiments, comporte l’étendue, l’antitypie.50 ». La conscience peut donc être vue comme le lieu où les êtres-sentiments, comme une gamme qui la compose, peuvent se déplacer constituant aux grès de nos expériences la partition variée de nos sentiments. La perception, comme réceptivité à une autre conscience que soi, apparait alors, comme l’intelligible modification de cette partition induite indirectement par cette conscience là. Ne peut-on y voir alors et tout simplement la description de l’empathie ?
Ainsi Miedzianagora aboutit à mettre en parallèle d’une part la réalité des choses physiques comme étant celle (et uniquement celle) des infraphotons formant masses et/ou lumières et d’autre part la réalité des êtres conscients comme étant celle (et uniquement celle) « de sentiments constants, identiques, éternels, configurant ensemble notre existence consciente ».
La dichotomie entre « qualités premières » et « qualités secondes » s’en trouve enfin résolue dans le respect rigoureux des deux principes d’identité et de conservation et renouant avec le programme antique de connaissance affirme l’évidence de l’élémentarité de l’être, d’une éternité élémentaire du monde.
Paradoxale ? Certainement puisque notre « façon de penser » est brutalement contestée, que cela remet radicalement en question la « doxa » qui règne indûment et aliène le monde depuis plus de vingt siècles mais non contradictoire car indubitablement cohérent, logique, intelligible à l’inverse d’un modèle non explicatif essentiellement fondé sur la croyance en l’universalité divine !
Tout se réduit soudainement à une seule substance, omniprésente et éternelle (qui a donc toujours été et ne peut s’anéantir), corpusculaire (qui a du corps, donc étendue et massive), pourvue d’une indéfectible et constante célérité et pouvant être considérée comme l’emplacement ultime et impénétrable du sentiment.
Nous voilà définitivement sorti de l’ « Idéalisme anthropocentrique », enfin analysé et compris uniquement pour ce que nous sommes, un agencement d’énergie matière élémentaire dont seule la complexité organisationnelle est apte à générer la forme et la conscience… Finis les arrières mondes, l’au-delà, les mystères incompréhensibles et de ce fait érigés en dogmes, l’être et le non-être, cette réalité issue du néant et prompte à y retourner. Une seule chose présente au monde, déjà évidente pour toutes et tous comme génératrice de la vie, de l’ « être » au monde : La lumière : Le toujours étant !
Et puis qu’elle magnifique adéquation entre notre ressenti le plus intime, le plus « ontologique » et cette sublime théorie. Sans lumière, qu’existe-t-il ?
A l’admettre et le comprendre, par nos sens, nos cellules, nos molécules, nos atomes, tout contribue…Nous sommes lumières, nous ne pouvons être que lumières51, car, même si, dans ces temps qui s’obscurcissent, nous commençons à en perdre le(s) sens, la lumière est partout dans le vide et le néant n’existe pas (ce qui est, au demeurant, une tautologie!). Imaginer un monde sans lumière n’a aucun sens ; « êtres de lumières » nous ne pouvons que demeurer êtres de lumières ! (bien plus enthousiasmant que « Souviens toi que tu étais poussière et que tu redeviendras poussière »). Seul l’agencement qui nous constitue peut être changé (ce qui d’ailleurs s’opère en permanence), la variabilité de nos états physiques et conscients en témoignent ; Et, in fine (et pour en rire un peu !) ce que nous nommons la mort n’est peut être, somme toute, qu’une «nouvelle partition » dont nous ne connaitrons la musique qu’une fois par elle structurés !
Au côté de Georges Miedzianagora nous venons de faire un extraordinaire voyage, qui de manière rigoureuse et logique ré-ouvre la porte du savoir, de l’intelligence et nous ramène, à la source de tout, en définitive, au sens exact du mot, « lumière » ! Celui qui, dans nos esprits, a toujours été et continue de demeurer (bien que toutes les religions se soit acharnées d’en usurper et polluer le sens)52 l’équivalent de : « connaissance ». Comment pourrait-il, d’ailleurs, en être autrement, et nous le comprenons mieux à présent, tant il est évident que ces deux termes n’exprime qu’une seule et même réalité, notre ontologique identité ! Et que nous touchons, oserais-je dire, « originellement », à ce qui saiten nous…Soit pour le dire autrement, que nous avons enfin là, matière à tenter de répondre à la question « qui pense quand je dis je pense ? » et, cela surtout sans perdre notre liberté. Car ce déterminisme structurel n’est constitutif d’aucune idéologie, d’aucun idéalisme. Il n’est pas moral ! Il est purement objectif, matériel. La conscience est un état de réceptivité au monde et à d’autres consciences. Il n’y en a pas de bonnes et de mauvaises ! Nous, humanité, n’avons de compte à rendre qu’à nous-mêmes et soudain tout devient différent. Notre responsabilité est immédiate, entière, irréversible. Nous ne serons pas jugés « post mortem » pour décider de notre sort dans l’ « au-delà », et, en fait « rien », à part nous même, n’est à même d’évaluer nos actes, nos existences, notre présence au monde ! Les règles théologiques, sensées contenir nos animales pulsions, nous ont d’abord, en les masquant et/ou les pervertissant, dépossédé de nos origines cosmiques. Leur premier but est de mettre un écran entre le réel et nos sens ; d’éviter que le caractère brutalement subversif de la conscience éveillée à sa nature ne balaye tous les pouvoirs religieux et séculiers, soudain révélés dans toute leur imposture et leur stupide absurdité. Des « atomistes antiques » aux « philosophes des lumières » il est facile de constater la somme d’énergie déployée pour endiguer, par tous les moyens, l’émergence ou la réapparition d’une conception de l’existant débarrassée de toutes mythologies, légendes ou autres balivernes dont finalement le seul but est de maintenir le peuple dans l’insignifiance et l’immaturité.
Mais, aujourd’hui, après plus de vingt siècles de catéchisation et de prosélytisme mensonger, force est de constater que plus l’enracinement de la croyance est révélée, plus s’éloigne l’espérance qu’elle puisse être, un jour, éradiquée. Rien dans ce monde ne lui échappe, et à présent nous le savons, même la science « moderne » la plus raisonnée, en est à sa source, aveuglément contaminée. Le protestantisme a sauvé la chrétienté au moment crucial où elle était en train de perdre sa toute puissance sur l’essence du réel ; en accordant aux « savants » toute latitude pour interpréter les phénomènes physiques, à condition qu’ils s’en tiennent à la surface et délaissent ainsi toute prétention à en comprendre objectivement les causes, il en a fait, à leur insu, ses plus efficaces propagateurs.
En effet, l’avènement des « mécaniques quantiques » et leur succès scellent, peut être, en ce début de XXème siècle si prometteur, la tombe de tous les espoirs d’un monde susceptible de devenir enfin athée. La main mise de la philosophie protestante allemande sur la pensée du continent en ayant déjà fait le lit, cette débâcle ne rencontrera que peu d’opposition.
Même celle de Nietzche fut sans effet ! Trop égocentrée, trop arrogante et finalement bien trop légitimement contestable ! Il a cru à sa capacité de lucide mégalomane pour dynamiter par la toute puissance de son verbe l’inanité de la morale chrétienne. Et bien que, comme il l’avait prévu, ses écrits soient passés à la postérité et demeurent aujourd’hui une des rares références pour une pensée libérée de la chrétienté, ils n’ont pas généré l’effondrement civilisationnel escompté. L’ont-ils même ébranlé ? Pourtant la charge était terrible et, pour l’époque, l’impact semblait particulièrement destructeur…Alors pour mémoire, écoutons le un instant :
A-t- on depuis entendu une telle lucidité ?
Mais, finalement simple philosophe/psychologue dissident, moraliste « a-moral », obsédé par son combat d’ « Antéchrist » contre l’idéalisme allemand et, quelle que soit la rhétorique subtile qui tente de le justifier, égocentrique patent, il n’aura pas vraiment perçu les véritables enjeux scientifiques, économiques et politiques de son temps, hermétique par essence à tout ce qui n’était pas lui !
Mais qu’on ne s’y trompe pas, ma critique est légère en regard du legs qu’il nous a offert. Indispensables dévoilements pour toute rébellion à l’ordre établi par, à présent, vingt et un siècles d’ « IdéalismeChrétien ». Il a mis a nu notre soubassement théologique même s’il n’a pu, comme il en a toujours eu l’objectif, le pulvériser. Bien plus lucide que Marx sur l’imprégnation de la conscience humaine par le corpus idéologique platonicien et de ses délétères conséquences…
Car Marx n’a pensé la religion que comme instrument de soumission et d’endormissement (« l’opium du peuple ») créé et entretenu par les « classes dominantes ». Or ces dernières (les tenants du capital) sont d’évidence tous formatées par la morale chrétienne et n’existent et perdurent que par leur collusion avec les pouvoirs religieux. Marx décrit l’aliénation mais ne l’explique pas ! Il reste, pourrait-on dire, un phénoménologiste. Alors que Nietzche, plus introspectif, remonte à la source et désigne les causes, les bifurcations, met à jour le substrat idéaliste dont nous sommes tous faits, la turpitude platonicienne qui nous anime et contre laquelle, une fois révélée, il faut sans cesse continuer de lutter. Mais en rejetant toute métaphysique il abolit également la possibilité d’une réalité objective et ne se préoccupe plus que de l’individu souverain dans son rapport au monde.
Ainsi, a son corps défendant, ouvre-t-il grand la porte à la pensée libérale, socle idéologique du capitalisme industriel naissant. Son aspiration, ô combien légitime, à une éthique issue du soi, d’un corps et d’un esprit indissociable dans leur existence au monde, et ne revendiquant que la santé dionysiaque, la « bonne humeur » et l’affranchissement de toutes contraintes autres que celles qu’il décide de s’imposer à lui-même, s’est fracassée sur son immense et désespérante solitude.
Au lieu de déboucher, comme elle aurait pu (du), sur la socialisation de cette singularité (tant elle est isolément inhumaine et non surhumaine comme il a pu le penser !), cette extraordinaire volonté, capable d’appréhender un autre monde possible, s’est effondrée sur elle-même, finalement anéantie ! 54
La morale chrétienne lui a donc survécu : « Dieu » n’est pas mort ! Et bien que le matérialisme consumériste vide les églises, ses racines sont encore vigoureuses et les sucs qu’elles génèrent toujours aussi vénéneux.
D’autant que c’est au tour de l’Islam, après le protestantisme de la ragaillardir (et de quelle manière !) ; Il vient de réactiver, en quelques décennies, tout ce à quoi la chrétienté avait été forcé de renoncer : Son emprise autocratique et sans partage sur les consciences et sa prédominance sur le politique, sans oublier bien sûr sa détermination à renvoyer les femmes dans l’arrière-cour de l’histoire et de les recouvrir du voile de mépris qui leur est dû !
Car, et tout le monde semble l’avoir oublié, l’islamisme n’est (avec le judaïsme et le christianisme) qu’une des trois branches du « monothéisme abrahamique » et donc de la chrétienté. Sa spécificité, qui explique certainement le danger qu’il représente et la haine qu’il suscite, réside dans sa prétention à représenter, lui et lui seul, le prophète fondateur….
Dans le Coran, l’islam s’affirme comme « la religion d'Abraham » figure d'un monothéisme supra confessionnel. Les juifs et les chrétiens sont considérés comme des corrupteurs, voire usurpateurs de la parole divine. Noé, Abraham et Jésus sont regardés comme des prophètes musulmans, ce qu’il faut le reconnaitre, est une manière espiègle mais plutôt efficace de contester la concurrence ! En effet, les vrais juifs et les vrais chrétiens ne peuvent être, « en réalité », que de purs musulmans. Et si le catholicisme peut légitimement s’inquiéter de la concurrence, la morale chrétienne, elle, n’a donc rien à craindre de la « Charia » ou loi Coranique.55 Car pour celui qui a encore en mémoire l’histoire du christianisme il est assez aisé de percevoir que ce qui les unit est bien plus évident que ce qui les différencie. La liste est trop longue pour prétendre à l’exhaustif, mais citons quelques traits bien communs :
Qui osera dire que le christianisme, dans son histoire, puisse s’exempter de ce qui précède et qu’il n’existe pas encore aujourd’hui un intégrisme catholique qui, s’il accédait au pouvoir, ne réactiverait pas immédiatement la plupart de ces subtils préceptes ?
Alors oui, l’islam, est porteur d’un corpus idéologique puisé à la source de la morale chrétienne à l’œuvre depuis plus de 2000 ans, et l’extrémisme d’une partie, somme toute, infime de ses adeptes ne peut que servir, au final, son maintien et sa prospérité; peu importe, au fond, la forme qu’elle finira par prendre tant ce qui compte d’abord est la prédominance de la foi sur l’intelligence.
Alors que nous reste-t-il ? J’aborde ici certainement la partie la plus difficile de ce texte…Trouver quand même matière à envisager une issue à l’enfermement ! En ai-je la force, l’intelligence ? J’en doute ! Existe-t-il d’objectives raisons de penser que l’humanité pourra un jour s’extraire de deux millénaires de contre vérités, d’hypocrisie, de duplicité, de fourberie, de bêtise : Dogmes aberrants, doctrines corrompues, mystifications et mythifications historiques, propagande (à présent subliminale), usurpations du pouvoir étatique violentes ou pacifiques, la liste remplirait mille pages.
Derrière la vitrine de la modernité, les valeurs archaïques, platoniciennes et chrétiennes, sont toujours à l’œuvre. D’autant plus efficaces qu’elles ne sont plus directement visibles, que le « matérialisme », à présent purement consumériste, déferle inéluctablement sur planète entière, habillé des atours de la liberté individuelle (le libéralisme et le pouvoir politique dit « démocratique ») en produisant l’illusion d’une civilisation hédoniste et affranchie.
Il faudrait enfin comprendre que tout ce qui prétend, aujourd’hui, nous libérer en fait nous asservit, que la technologie est un leurre dans la mesure où elle a phagocyté la science et qu’elle n’est plus qu’un rouage au service d’un système économique délétère producteur d’un futur non pensé. Que l’ « industrialisation » étendue, sans exceptions, à tous les domaines composant notre quotidienneté (travail salarié, nourriture, santé, déplacements, loisirs, reproduction et sexualité, « communications », etc.) abouti, sous prétexte d’efficacité, à nous déposséder de notre rapport au monde et à la maitrise de nos vies ! Je voudrais ici rappeler, car plus personne ne semble le savoir, ce qui signifie réellement le terme « industrie » :
Indissociable du capitalisme triomphant, il va s’étendre progressivement à tous les secteurs d’activités qui permettent la division du travail salarié et la parcellisation des tâches et, aujourd’hui, insidieusement, s’étend à la totalité de l’activité humaine. Il a généré les grandes firmes multinationales (FMN) ou transnationales (FTN) dont le pouvoir financier est tel 56 qu’il est à même, à présent, de phagocyter voire tout simplement de se substituer à celui des Etats.
Ceux qui en douteraient pourront essayer de trouver des exceptions en consultant la liste dans la base de données STAN57 de L’OCDE58 qui répertorie l’ensemble des activités humaines sur cette planète et dont voici le premier niveau de classement (et je vous incite vivement à cliquer sur chaque numéro de code pour voir le détail de chaque rubrique- Le O est particulièrement édifiant ; on y trouve les Activités récréatives, culturelles et sportives au même niveau que l’Assainissement et enlèvement des ordures et il faut encore descendre d’un degré supplémentaire pour trouver enfin l’industrie culturelle).
Les mots « industrie » et son dérivé « industrialisation » sont en quelque sorte revenus à leur origine sémantique d’ « activité secrète » car la planification à l’œuvre n’est jamais présentée de manière transparente. Ils servent à en dissimuler d’autres, moins consensuels, comme « profit », « exploitation », « rentabilité », « privatisation », etc. Et sous couvert d’efficience, d’efficacité etde rationalisation, permettent d’assujettir l’activité humaine, dans sa totalité, à un modèle économique globalisé !
Et je prétends ici, que sans le corpus théologique chrétien sous jacent, cela ne pourrait être possible. Quel être humain débarrassé des fondements religieux de la « morale », de l’emprise de la famille patriarcale qui impliquent et génèrent sa soumission volontaire aux institutions, de la culpabilité qui en découle comme carcan de l’existence, de la croyance en un au-delà paradisiaque pour endurer les souffrances terrestres, etc., etc., accepterait, sans se révolter, de subir l’absurdité d’une vie perdue à la gagner ? Dès que l’on prend un peu de recul, le « travail », dans son sens industriel et comme « source de revenus », apparait dans toute sa déconcertante mais pourtant implacable « aliénation » (à prendre dans ses deux sens démence et dépossession !). Il faut avoir été soumis à un endoctrinement « diablement » efficace pour ne pas s’éveiller de ce cauchemar et s’interroger sur l’insanité d’une vie consacrée à assurer sa subsistance par une activité asservie! Et sans cette « morale », comme assise subconsciente, il est invraisemblable que ce système mortifère n’ait jamais pu s'imposer.
Cette digression vers un monde si proche et pourtant déjà si lointain ne peut que provoquer tourments de l’esprit…, en suscitant une double et concomitante certitude: Celle, évidente, que ce qui s’est produit, une fois, de manière imprévisible est susceptible de se reproduire à tout moment et l’autre, chaque jour renforcée, qui constate l’ubiquité des processus d’oppression et d’asservissement et leur vraisemblable irréversibilité. Ce qui revient, il faut bien le reconnaitre, à opposer une espérance à des faits…Car la terrifiante régression actuellement en cours, au reste surtout perceptible pour ceux qui ont vécu cet improbable moment, semble désormais irrécusable. Le rationalisme théologique triomphe et la « pensée » s’éteint !
En abdiquant leur prétention et leur exigence à comprendre le réel au profit d’une efficacité productiviste les physiciens ont scellé l’entrée de « la caverne » et, se sont livrés, corps et âmes et en toute inconscience, à la théologie. Ainsi adoubés, à leur insu, par la « morale religieuse dominante » nous ont-ils entrainés à leur suite dans le « cul de sac » de leur impensée !
Peut-on le dire mieux que Georges Miedzianagora ?
Ce qui implique que :
Et ce renoncement ne peut manquer d’être corrélé à l’avènement concomitant de l’ère industrielle, et d’en être perçu comme un fulgurant catalyseur. En découvrant l’immense champ d’application d’une physique efficiente enfin débarrassée de toute considération ontologique, en même temps qu’appâtés et séduits par les « capitaines d’industrie » à l’affût de nouvelles technologies et de nouveau produits, les chercheurs sont devenus en quelques décennies les indispensables collaborateurs de l’économie capitaliste mondiale. Caution scientifique et rationnelle d’un modèle économique et social injuste, aliénant et par essence corrompu, mais leur offrant un « terrain de jeu » sans limites et les moyens financiers pour s’y ébattre en toute apparente liberté. Et, nous l’avons vu, l’idéalisme théologique, un temps menacé, s’en est trouvé pleinement revigoré….Pourtant, en ce début de XXème siècle, alors qu’il semblait avoir déjà partie gagnée, le capitalisme adossé à la morale et à la science s’est trouvé en butte à l’amplification d’une résistance sociale jusqu’alors matée et méprisée. Les penseurs insoumis et révolutionnaires de l’époque décryptent l’aliénation du peuple par une autocratie auto promulguée et dénoncent l’arbitraire, l’injustice et le despotisme qui, d’ailleurs, la caractérisent encore aujourd’hui. Et surtout ils théorisent les alternatives politiques qui vont servir de supports idéologiques aux multiples soulèvements et rébellions collectives en passe de se produire. Un siècle plus tard, l’échec est affligeant et il faudrait des dizaines de pages supplémentaires pour en analyser les raisons. Mais, à mon sens, la seule question pertinente peut se formuler ainsi : La théorie (marxiste, anarchiste, peu importe..) portait-elle en soi cette défaite, comme l’ont très vite asséné les pourfendeurs de toute atteinte à l’ordre établi, ou bien comportait-elle simplement des faiblesses d’analyse et des lacunes dans leurs appréhension du monde et surtout n’étaient-elles pas, à leur sources, déjà corrompues par les déterminismes culturels impensés de leurs auteurs ?
Laissant les tentatives de réponses pour plus tard il est nécessaire ici d’analyser les conséquences de cette débâcle pour clarifier les temps présents. C’est le capitalisme qui a triomphé et non la démocratie, comme on veut nous en convaincre, car sa véritable expression est indéniablement consubstantielle au projet communiste et non, à l’inverse et d’évidence, à un système construit sur la domination et l’exploitation des faibles par les forts ! Mais la propagande de cet extraordinaire mensonge s’est imposée et nous voilà toujours victimes de cette croyance !
Il en résulte, en ce début de 21éme siècle, une intrication et une collusion de tous les pouvoirs qui par delà une séparation de façade, tendent ensemble à servir et promouvoir le même totalitarisme et qui semblent à même de « colmater » dans les années à venir l’ensemble de la toile dont il recouvre d’ores et déjà le monde. « L’élasticité » de cette doxa et sa capacité d’absorption sont telles qu’aucun « processus révolutionnaire » contemporain, connu ou même envisageable n’apparait apte à endiguer son expansion.
Me voici donc, et comme je le craignais, confronté à la difficulté où le cheminement de ma pensée me mène. Puisque « penser n’est pas croire » comment observer notre civilisation humaine en toute lucidité sans en constater l’infini turpitude et pronostiquer sa probable extinction ? Espérer et/ou appeler de ses vœux un « Aggiornamento » susceptible de modifier notre trajectoire revient à ignorer que ce sont les fondements même de la morale chrétienne, qui portent en germe la corruption et la dépravation de notre relation au monde et croire que ce qui nous infecte et nous dénature peut soudainement nous ramener vers la lumière. S’indigner (voire se scandaliser) devant ses épouvantables effets est bien loin d’être suffisant, même simplement pour en comprendre les causes. Nauséabonde ironie, ne voit-on pas à présent « s’élever » un nouveau pape « charismatique » qui, en toute « innocence christique » ose délivrer un appel à soulager la misère (matérielle et morale) du monde par un retour aux valeurs de l’évangile ; et les médias, par foules interposées, d’en faire un nouveau « messie » apte à promouvoir la « révolution catholique »! De la même manière que les dominants justifient l’accumulation des richesses en prétendant qu’elle est essentielle à la croissance donc au bien commun, du haut de son impensable pouvoir de potentat théologique il prêche une solidarité et une « riche pauvreté » (sic !!!), préceptes que sa simple existence contredit et dont le luxe ostentatoire du Vatican et surtout l’argent (sale) de sa banque exposent l’hypocrite obscénité du propos.64 Il est simplement aujourd’hui la preuve vivante que ce qui nous aliène est en plein essor et que la perversité qui sous-tend le discours moral est toujours d’une implacable efficacité.
Alors, après avoir tenté de décrire et de dévoiler l’ubiquité des processus d’oppression des corps et surtout des consciences et, ce faisant, avoir exclu de l’avenir toute naïve espérance, comment, au moment de conclure, renouer avec le devoir de subversion, la saine colère (et non la sainte) devant l’injustice, l’inégalité, l’insupportable domination de quelques uns (ignoble état de fait), sur tous les autres ?
Puisque je ne suis pas misanthrope, que je considère la plupart des humains comme des autres moi-même, que l’idée d’unmal ou d’un bien consubstantielle à la nature humaine (soit à la nature tout court) me semble une parfaite idiotie issue d’esprits détraqués et que je m’interdis toute prétention prophétique, rien ne m’autorise finalement à affirmer l’impossibilité d’une inversion de paradigme ! D’ailleurs, tout ce qui précède n’a de sens que dans l’hypothèse inverse, sinon à quoi bon!? Si j’ai pu me frayer un chemin au cœur de l’affabulation œcuménique et du mensonge généralisé ce n’est que soutenu par des pensées préexistantes et/ou parallèles et prouve, que d’autres que moi l’ont déjà fait, le font et peuvent toujours le faire. Nulle prédiction donc, juste une incitation à la révolte, à l’insubordination, à la réappropriation de soi.
Et en tout premier lieu un appel à débusquer, au plus profond de nous même, la « soumission volontaire » qui, la plupart du temps à notre insu, s'avère le premier obstacle à notre désir naturel de liberté. Le « Discours de la servitude volontaire » ou le « Contr'un » rédigé en 1549 par Étienne de La Boétie à l'âge de 18 ans offre encore aujourd’hui une des plus pertinentes explications de l’assujettissement des peuples à toute forme incarnée de tyrannie que pourtant, seule, leur passivité autorise. Mais pour lui, l’origine de cette « chute » dans l’asservissement aux dominants ne relève que d’un « accident de l’histoire », une malchance inaugurale (« Le Malencontre »), qu’en fait il n’explique pas. Or il me semble qu’il est permis de penser que vingt siècles d’oppression, de catéchisation et d’endoctrinement par la morale chrétienne, sous tendus par l’idéalisme philosophique sont une explication bien plus objective et pleinement suffisante.
La religion (qui pour les hagiographes chrétiens, ne l’oublions pas, vient étymologiquement du latin religare, «relier » et de ligare, « lier » et signifie « attachement », « dépendance »), aura été dès ses débuts, une fantastique machine à soumettre qui, jusqu’à nos jours, ce serait difficile de le contester, s’est pleinement perpétuée. Il est facile de comprendre qu’une doctrine qui a installé dès leur naissance, les femmes (d’abord elles !) et les hommes dans un « péché originel», que « Dieu » n’a pardonné que « grâce » au martyr expiatoire et sacrificiel de son « fils » crucifié et qu’elle a très vite agrémenté de toute une série détaillée de « péchés capitaux », ne convie pas, à priori et si l’on y croit, à envisager sa propre existence de manière jubilatoire et émancipée. Bien évidemment il s’en suit une culpabilité quasi « naturelle », inhérente de fait à toute conversion au christianisme, qui soumet les croyants à une terrifiante pression psychologique et les rend particulièrement vulnérables et dépendants…Elle les enferme dans le renoncement, en définitive, à la vie, puisque cette abnégation leur est présentée comme « le marche pied » vers celle, éternelle, du « paradis »…Que faut-il de plus pour expliquer la « docilité » du « troupeau égaré », son obéissance aveugle au berger auréolé et sa vénération du joug qui l’avilit? Et qui contestera que la morale qui régit l’ensemble des peuples d’occident et du moyen orient ne soit pas d’origine chrétienne (islamique, catholique et protestante ou bien juive) ? Quant aux autres (Chine, extrême orient) leurs codes culturels, leurs « sens de la hiérarchie » et leur « humilité naturelle » suffisent à démontrer leur même « soumission volontaire » à la morale dominante. Et même si, de toute évidence, ces pays ne sont pas ceux où l’industrialisation capitaliste a pu prendre son essor, on constate pourtant, qu’à présent « ensemencés », ils constituent un formidable terreau à son expansion mondialisé.
C’est donc bien l’inéluctable toute première chaine à pulvériser ; mais chacun d’entre nous se doit de le faire par lui-même car, et c’est bien là l’ultime perversité de ce système de domination :
Pour ceux qui composent cette population sous influence ce n’est qu’à l’occasion, de ce que l’on nomme vulgairement « un accident de la vie », en fait d’un choc psychique déstabilisant, qu’un processus de remise en question est susceptible de s’enclencher, de créer une brèche suffisante dans les quotidiennes certitudes pour que de proche en proche le voile se déchire. Cela peut survenir bien sûr individuellement ou collectivement, et dans ce dernier cas prendre parfois suffisamment d’ampleur pour s'étendre à l’ensemble d’un pays (mai 1968 en France).
C’est seulement à ces occasions que les écrits de quelques solitaires (dans mon genre…) peuvent peut-être s’avérer audibles et utiles. Sinon ils ne peuvent être qu’ignorés et méprisés par le plus grand nombre, tant il est très improbable qu’une pensée puisse en « accrocher » une autre sans s’y retrouver déjà, au moins partiellement et au préalable, en adéquation. C’est là également un phénomène doxique, qui fait que chacun d’entre nous est d’abord conditionné à se diriger vers ce qu’il connait et le conforte dans ses croyances et à rejeter tout ce qui peut perturber l’équilibre fragile de son microcosme quotidien. Ce qui limite considérablement la probabilité qu’un texte, quel qu’en soit le caractère subversif, en est la moindre capacité…
Il fut pourtant une époque (mais de nos jours révolue) où les livres, seuls « médias » à portée universelle, furent aptes à bousculer l’ordre établi. En 1845, par exemple, parut un étrange et iconoclaste objet littéraire qui provoqua de vives réactions, intitulé « L’unique et sa propriété » de Johann Caspar Schmidt plus connu sous le nom de Max Stirner, dont la connaissance reste toujours indispensable pour celui qui tente ce voyage au cœur de ses propres déterminismes. D’autant que, même s’il n’y a jamais fait directement référence, il est difficile de ne pas retrouver son influence dans la pensée de Nietzsche ; de fait, comme pour ce dernier, sa thèse débouche ou/et prend sa source au même égocentrisme radical. On y trouve, les même fulgurances et hauteurs de vues dévastatrices, une implacable logique de dévoilement, la preuve, alors encore vivante, de la puissance de la pensée ! Entendons-le par exemple sur l’éducation :
Sur l'état:
Et sur la famille :
Hétérosexuels en familles recomposées ou homosexuels et transgenres en mal de revendication maritale faites un effort, reconnaissez vous ! Le repli apeuré sur l’Idée de famille ne peut que favoriser les pires régressions réactionnaires parce qu’il annonce et norme celle mythifiée du travail et, en suivant, celle de la patrie. Et il nous faut revenir plus d’un siècle en arrière pour écouter un mort nous le dire !
La soumission est d’abord affaire d’habitude et de transmission et il faut, pour bien la cerner, réaliser l’importance du type d’environnement social où elle peut s’épanouir. D’évidence elle ne pourrait pas perdurer dans un contexte libertaire. Elle produit autant qu’elle nécessite les institutions qui la promeuvent et organisent l’orthodoxie qui la pérennise. Et le conformisme va faire le reste. Car rien n’est plus difficile et douloureux que de ne pas être socialement admis.
Il suffit d’observer le passage de l’enfance à l’adolescence pour s’en convaincre aisément.
L’écartèlement psychique65 que provoque cet âge « entre-deux » peut s’expliquer par le conflit intime entre deux forces pulsionnelles contradictoires : Une, naturelle, qui exalte le jeune (futur) adulte à affirmer sa singularité (son « Unique et sa propriété » dirait Steiner) et l’autre qui le contraint à se conformer à la morale du groupe (troupeau) dit « adulte ». Ce qui peut être vu comme l’ultime tentative de résistance de jeunes esprits pré-formatés sur lesquels ne s’est pas encore abattue la chape de plomb de la doxa comportementale. Particulièrement flagrant depuis le milieu du XXème siècle ce phénomène n’est pourtant pas récent. Ce n’est que l’avènement d’une société plus permissive, plus investie et plus tolérante avec sa progéniture, qui a autorisé son exacerbation. Mais, à quelques exceptions près, c’est toujours le besoin d’adéquation au plus grand nombre qui finit par l’emporter. Car tenir tête, seul, à la norme exige une volonté et un courage hors du commun ! Et si, dans un premier temps, la stratégie des adolescents, qui leur permet d’être différents à plusieurs, s’avère une solution de contournement fort efficace elle demeure, au final, bien peu dérangeante pour les institutions. Car, objectivement, elle tient plus du rituel d’intégration que de la manifestation d’une véritable rébellion. On peut même considérer que cette « manœuvre » sert d’ « avant-première » aux processus de soumission de plus en plus sophistiqués qu’une société « dite » démocratique se doit d’inventer continuellement pour faire croire à la liberté au sein même de la pire aliénation qu’il soit. En effet se soumettre aux codes d’un groupe, même dissident, consiste d’abord en un acte de reddition volontaire et un abandon de souveraineté sur soi-même en échange du cocon douillet que procure le sentiment d’appartenance et d’identification. C’est aujourd’hui, par exemple, le principe qui fabrique à la chaine le « communautarisme » mais c’est surtout le liant indispensable à la perpétuation d’un système social en apparence affranchi. Et la pernicieuse intelligence du capitalisme est d’avoir réussi à faire de l’individualisme l’ultime conformisme. Nous sommes, aujourd’hui, et ce à l’échelle de la planète, en passe de devenir tous identiques avec pourtant, pour chacun d’entre nous, le sentiment d’être tous différents.66 La perfection de ces engrenages nous accable et nous anéantit.
Plus j’avance dans ce texte, qui me guide plus que je ne le conduis, plus je me sens partagé et emporté par deux mouvements strictement contradictoires. L’un qui m’a amené, exalté, à considérer la structure corpusculaire de la lumière comme la forme originelle et matérielle de toute réalité, et ouvre ainsi d’extraordinaires et nouvelles perspectives pour notre « être au monde » et le second qui, luttant contre la lassitude, le dégoût et la certitude de l’inutilité, m’engage à désigner et déconstruire les différentes strates de la mystification globalisante en passe d’étreindre et d’asphyxier l’entière humanité.
Mais en prenant un peu de distance il n’est pas si difficile de se rendre compte que cette disjonction est inévitable même si elle contrarie la volonté orgueilleuse de trouver (et proposer) une issue. Ecueil philosophique majeur, que j’ai déjà fustigé plus haut, et qui entraine (la plupart du temps d’ailleurs sans aucune retenue) un « être qui pense » à se considérer soi même au dessus du commun des mortels et prétendre, de là, au rôle de guide éclairé. Ainsi, bien loin de l’élever, ce manque de lucidité sur soi, d’autocritique, le dégrade au rang de simple théologien tant l’idée du « berger » est consubstantielle à toute morale religieuse. Nouvelle preuve de l’imprégnation occulte des structures mentales qui nous servent à penser… !
Le rôle social de celui qui prétend « philosopher », autant qu’il puisse en avoir un, doit strictement se borner au simple exposé de sa pensée, de ses réflexions. Sa propre personne ne présente que peu d’intérêt, certainement pas plus que tout autre de ses congénères, et ne mérite en rien d’en être distingué. Ces préceptes et autres certitudes universelles censées conduire à un monde nouveau sont à bannir et seules importent les idées, par les mots et les phrases exprimées, et méritent (parfois) de perdurer. Encore ne faut-il pas en sacraliser le support et faire du livre qui les abrite une référence biblique. Le texte, rien que le texte, nu et offert à la lecture d’autrui, que tout un chacun peut s’approprier, confronter à son propre savoir, aimer ou détester pour ainsi en faire vivre ou mourir la pensée qui y est proposée. Mais nos mémoires sont bien plus remplies des noms des écrivains, et de leur gloire posthume que des phrases et des idées qui habitent leurs écrits. Et le mythe du grand homme supplée souvent l’insignifiance ou la médiocrité conformiste du propos.
Ce qui nous amène directement à notre « modernité » où, les « philosophes », du moins ceux qui s’en arrogent la qualité, se voient contraints (enfin le plus souvent le font-ils de leur plein gré…) de s'exhiber « médiatiquement » afin de promouvoir la vente de leurs écrits, peu conscients, dans leur quasi-totalité, du fatal discrédit qu’ils leur font ainsi subir. Le charisme des auteurs et leurs capacités de séduction oratoire et gestuelle, dans un contexte humiliant (il faut le souligner !) de stress, de concurrence et de soumission aux règles et au maître du jeu, se sont largement substitués à la validité intrinsèque de leur pensée. De fait, avant de pouvoir, dans ces conditions, exprimer la moindre idée authentique il faudrait, au préalable, faire table rase de cette mise en scène, ce qu’à ma connaissance, seul Pierre Bourdieu, il y a déjà bien longtemps, a tenté de faire, et a surtout brillamment explicité. 67
D’autre part le « livre-marchandise » n’a bien sûr plus aucune vocation à divulguer le savoir-critique… S’il existe encore, en ce domaine, un travail éditorial digne de ce nom ce n’est que circonscrit à la frange de public susceptible de s’y intéresser et n’en dépasse que très rarement les limites (édition à tirage limité toujours proportionnel à la « cible marketing » concernée).
Seule la relation directe avec un lecteur éventuel, qu’autorise encore pour quelques temps la diffusion sur internet, répond à cette exigence de mise à disposition inconditionnée. Et, bien qu’elle s’apparente à la métaphore de « la bouteille à la mer », cette manière de faire exister une pensée a le grand avantage de la délivrer de toute astreinte extérieure directe et permet à celui qui écrit de ne se confronter qu’à ses propres déterminismes. Tout particulièrement ceux qui le contraignent à entreprendre ce voyage mystérieux au centre de lui même pour en ramener laborieusement des mots, plus ou moins aptes à traduire ce qu’il ressent et comprend de sa propre existence et de celle du monde qui l’entoure. Ce qui nécessite ou implique l’audace du sceptique et l’aplomb du modeste.
Ainsi confronté à terminer ce texte je ne peux qu’exprimer son impossibilité. Ce qui précède n’est que ma tentative inexercée et incomplète de rendre compte de ce que « penser veut dire » (formule à méditer !) conjointe à la volonté hétérodoxe et révoltée d’en extirper toute forme de croyance et cette démarche ne peut se clore ; au mieux elle ne peut qu’entrouvrir une porte.Si comme le soutient Miedzianagora avec Parménide « tout ce qui est » est lumière » la pensée, qui, elle aussi, est, ne peut donc qu’être également lumière. Par delà le vertige que ne peut manquer de susciter cette affirmation, l’exploration de ses conséquences sur notre rapport au réel reste à faire et elle n’est pas du ressort d’un seul individu. Bien que ce changement de paradigme puisse apparaitre aujourd’hui relevant de la pure utopie, d’un « lieu qui n’existe pas », il n’est pas, si l’on y réfléchit, plus improbable que celui qui nous régit et nous aliène depuis deux millénaires et dont l’absurdité des fondements n’a, pourtant, nul besoin d’être prouvée ! Seule l’étendue de cette période semble en exclure l’effondrement ; ce que, pourtant, son étroitesse à l’échelle du temps cosmique rend immédiatement insignifiante. Et puis est-il intellectuellement admissible que l’infinie beauté à la source du monde ne soit apte qu’à produire la dévastation d’une planète et de ses habitants ? Alors ici, au lieu de finir, je ne peux qu’inviter à prolonger, à s’insurger sans réserve contre « l’allant de soi », à observer la réalité pour ce qu’elle est, débarrassée de ses atours mensongers qui en polluent notre perception et de la doxa68 délétère qui subjuguent nos intelligences, pour enfin libres et sans croire, penser ….. !
Pdf
le 21 mai 2014
Singulier.eu
1 Toutes les références étymologiques proviennent du Dictionnaire historique de la langue Française sous la direction Alain Ray Ed: Le Robert
2 J’ai déjà abordé cette question dans un texte antérieur (cf. « Démocratie et religion ») et ne m’attarderait donc pas à en démontrer à nouveau longuement l’évidente inanité.
3 La science (latin scientia, « connaissance ») est « ce que l'on sait pour l'avoir appris, ce que l'on tient pour vrai au sens large, l'ensemble de connaissances, d'études d'une valeur universelle, caractérisées par un objet (domaine) et une méthode déterminés, et fondés sur des relations objectives vérifiables et que l’on peut répartir ainsi :
- Les sciences dites exactes, comprenant les mathématiques et les « sciences mathématisées » ;
- les sciences dites physico-chimiques et expérimentales (sciences de la nature et de la matière, biologie, médecine) ;
- les sciences dites humaines, qui concernent l'Homme, son histoire, son comportement, la langue, le social, le psychologique, le politique.
4«…. ! Imaginez un noble physicien, qui a observé longtemps les corps gazeux, les a chauffés, refroidis, comprimés, raréfiés. Il en vient à concevoir que les gaz sont faits de milliers de projectiles très petits qui sont lancés vivement dans toutes les directions et viennent bombarder les parois du récipient. Là-dessus le voilà qui définit, qui calcule ; le voilà qui démonte et remonte son gaz parfait, comme un horloger ferait pour une montre. Eh bien, je ne crois pas du tout que cet homme ressemble un chasseur qui guette une proie. Je le vois souriant, et jouant avec sa théorie ; je le vois travaillant sans fièvre et recevant les objections comme des amies ; tout prêt à changer ses définitions si l'expérience ne les vérifie pas, et cela très simplement, sans gestes de mélodrame. Si vous lui demandez : Croyez-vous que les gaz soient ainsi ? Il répondra : « Je ne crois pas qu'ils soient ainsi ; je pense qu'ils sont ainsi. ». Propos d’un Normand (1906) Edités par Jean-Marie Allaire, Robert Bourgne et Pierre Zachary
5 Un réacteur nucléaire est un ensemble de dispositifs comprenant une enceinte enfermant un « cœur » dans lequel une réaction en chaîne peut être, hors accident grave, initiée, modérée et contrôlée par l'humain via divers dispositifs de modération de la réaction de fission et d'évacuation d'énergie (chaleur). (Wikipédia)
6 Essentiellement ceux de haute activité (HAVL) et de moyenne activité et à vie longue (MAVL) : ce sont surtout les déchets issus du cœur du réacteur, hautement radioactifs pendant des centaines de milliers, voire millions d’années.
Radioactivité et santé
Connus depuis le début du XXe siècle, les effets cancérigènes de la radioactivité ont été précisés tant par les études réalisées à partir de l’observation de personnes irradiées à Hiroshima et Nagasaki en 1945 ou autour de Tchernobyl (l’apparition de cancers de la thyroïde de l’enfant est liée au rejet des iodes radioactifs), que par le suivi médical des travailleurs de la filière (mineurs, personnels des centrales, personnels des centres de traitement). Plusieurs types de cancers ont été observés (leucémies, cancers broncho-pulmonaires primitifs par inhalation de radon et sarcomes osseux). D’autres travaux ont permis de repérer une augmentation statistiquement significative des cancers secondaires imputables aux rayonnements ionisants chez les patients traités par radiothérapie. De plus, s’il est certain que les fortes doses de radioactivité sont nocives pour l’être humain, des études récentes en radioprotection ont conduit à s’intéresser à l’effet des faibles doses. En particulier il faut s’attarder sur la contamination chronique et faible. Les effets de cette contamination semblent être plus importants que prévus et surtout se traduire par des effets sur le système nerveux central, le système cardio-vasculaire et provoquer, aussi, des dérèglements glandulaires (diabète, retards mentaux chez les enfants,…).
8 Ce qui fut combattu c’est l’exploitation de l’homme par l’homme (révolutions socialistes, marxistes) mais le modèle productiviste n’a jamais été véritablement remis en question.
9 Le supin est une catégorie grammaticale intermédiaire entre le nom et le verbe, définie soit comme une « forme nominale » ou « d'origine nominale » du verbe, soit comme l'une des formes « infinitives » du verbe, au même titre que l'infinitif, le participe ou le transgressif (ou : « participe adverbial »).
10 La métonymie (substantif féminin) est une figure de style appartenant à la classe des tropes qui consiste à remplacer, dans le cours d’une phrase, un substantif par un autre, ou par un élément substantivé, qui entretient avec lui un rapport de contiguïté et peut être considéré comme équivalent sur l’axe paradigmatique du discours. Ainsi, la métonymie est une figure opérant un changement de désignation.
11 Il s’agit de la mathématisation généralisée (numérisation) du réel ! Et sur un modèle basique puisque binaire (0,1). Et tous nos sens sont concernés : La vue, le son, le toucher sont d’ores et déjà les premiers impliqués mais les recherches progressent également sur le goût et l’odorat
12 Ici une contribution brillante et étayée de Jacques Testart: Transhumanisme : pour quoi faire ?
Biologiste de formation, docteur en sciences, directeur de recherche honoraire à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale); ex président de la CFDD (Commission française du développement durable 1999-2003), Jacques Testart s'est consacré aux problèmes de procréation naturelle et artificielle chez l’animal et l'homme.
13 A titre d’exemple emblématique :
-Jacques Benveniste et la mémoire de l’eau qui a payé cet « écart » de sa carrière et certainement même de sa vie : (http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moire_de_l%27eau)
- Et plus récemment (et toujours vivant !) Henrik Svensmark et sa théorie totalement « politiquement incorrecte » qui met en corrélation l'activité magnétique du soleil, les rayons cosmiques et les formations de la couche nuageuse, régulatrice des températures terrestres, indignement discréditée et à qui il a fallu presque 2 ans pour la faire publier. En ligne sur Daylimotion ici : http://www.dailymotion.com/video/x139d0a_le-secret-des-nuages_tech
14 La Préhistoire commence avec l'apparition de l’Homme, or celle-ci est le fruit d’une lente évolution sur plusieurs centaines de milliers d’années, depuis un Hominidé indéterminé. Ce début varie selon les chercheurs en fonction des critères utilisés pour définir l’Homme, qui peuvent être anthropologiques, culturels, voire philosophiques…
Selon, par exemple que l’on considère que l’Homme est représenté par le seul genre Homo ou également par le genre Australopithecus, la Préhistoire débute donc respectivement il y a environ 3 Ma ou 5 Ma.
15 Les « Lumières » sont un mouvement culturel, philosophique et intellectuel qui émerge dans la moitié du XVIIe siècle sous les philosophes comme Spinoza, Locke, Bayle et Newton, avant de se développer dans toute l'Europe, notamment en France, au XVIIIe siècle. Par extension, on a donné à cette période le nom de siècle des Lumières.
16 L’existentialisme est un courant philosophique et littéraire qui postule que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions, en opposition à la thèse que ces dernières lui sont prédéterminées par de quelconques doctrines théologiques, philosophiques ou morales. L'existentialisme considère donc chaque personne comme un être unique qui est maître, non seulement de ses actes et de son destin, mais également, pour le meilleur comme pour le pire, des valeurs qu'il décide d'adopter.
17 D’abord inventé par l’auteur Frank White en 1987, The Overview Effect (l’effet de surplomb/d’aperçu) est le terme employé pour décrire le décalage cognitif dans la conscience provoquée par l’impressionnante expérience de regarder la terre depuis son orbite. La vidéo n’existe, à ma connaissance qu’en « américain » et est, bien évidemment, entachée de mythologie pro NASA.
18 Ce mot, du fait de l’adjonction comique des deux qui le composent mais également de la défaite intellectuelle qu’elle implique, m’est toujours apparu suspect et inapproprié pour rendre compte du cheminement intellectuel nécessaire à l’évolution d’u point de vue. Il est vrai que persuadé et séduit ne valent guère mieux. Et puis en l’occurrence le voilà bien adéquat.
19 « SOCRATE (~469-~399) ET ÉCOLES SOCRATIQUES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 26 janvier 2014. https://www-universalis--edu-com.
20 Jacques BRUNSCHWIG, Spécialiste, surtout connu comme historien de la philosophie antique, il a traduit notamment Les Topiques d'Aristote (Les Belles Lettres). S'il n'a pas publié de nombreux ouvrages, il a toutefois écrit de nombreux articles et réalisé des éditions critiques dont celle des écrits de Leibniz. Fils d'Isabelle Vidal-Naquet, il était le cousin germain de l'historien Pierre Vidal-Naquet, avec qui il fit ses débuts dans la lecture des auteurs de l'Antiquité.
21 Il n'y a cependant pas eu d'accord chez les historiens sur le fait de savoir qui de Platon, d'Aristote voire d'Aristophane rendait le mieux compte de la pensée du Socrate historique, même si Platon avait la préférence du plus grand nombre. Mais même chez les partisans de Platon, la question de savoir à quels dialogues se fier n'est pas résolue : l'Apologie de Socrate seule, les dialogues de jeunesse (tous ou seulement certains), les dialogues apocryphes, voire la totalité des dialogues. Puis, à la fin du XIXe siècle, le caractère fictionnel des « dialogues socratiques » se vérifie. Ils sont en effet un genre littéraire, ainsi que l'atteste Aristote. La mise en scène et le contenu de ces dialogues font une large place à l'invention et ils ne visent pas à être un témoignage exact de la pensée de Socrate.
22 Quelques noms parmi les plus connus : Leucippe, Démocrite, Aristippe de Cyrène, Diogène, Epicure bien sûr et Lucrèce réunis par Michel Onfray dans ce qu’il nomme : L’Archipel Hédoniste, seul ouvrage contemporain d’envergure (à ma connaissance !) à réhabiliter ce moment épistémologiqueessentiel par ailleurs méprisé et combattu par la plupart des caciques en place. Ce qui se comprend facilement tant cette « Contre Histoire de la philosophie » est une belle bourrasque d’air pur et frais qui en décoiffe plus d’un !
23 Cf. La critique de l’écriture dans le Phèdre de Platon
24 A consulter sur ce sujet le texte essentiel de Roland Barthes, « L'ancienne rhétorique : aide mémoire » http://www.persee.fr/
25 Je renvois ici encore une fois aux « Sagesses antiques » de Michel Onfray, Volume 1 de sa « Contre Histoire de la philosophie », livre sans lequel ce texte n’existerait pas !
26 Il faudra attendre plus de 2000 ans (L’Europe des Lumières au XVIIIe siècle) pour voir ressurgir un moment comparable mais bien plus court et qui, lui, paradoxalement vint se fracasser sur la révolution bourgeoise de 1789.
27 Né en janvier 1548 à Nola (Italie) et mort (exécuté) le 17 février 1600 à Rome. Sur la base des travaux de Nicolas Copernic et Nicolas de Cues, il développe la théorie de l'héliocentrisme et montre, de manière philosophique, la pertinence d'un univers infini, qui n'a pas de centre, peuplé d'une quantité innombrable d'astres et de mondes identiques au nôtre.
28 D’abord écrit métaphisique (v.1282) puis corrigé en métaphysique (1639) est emprunté au latin scholastique métaphysica ((1070-1142) formation savante à partir de la locution grecque méta ta phusika « après les choses de la nature » ce qui s’explique ainsi : La collection des écrits d'Aristote (-384, -322) élaborée par Andronicos de Rhodes vers 60 av. J.-C. séparait les livres phusikè achroasis (Leçons de Physique), sur la nature, et ceux qui venaient après, meta ta phusika, la Métaphysique. Le mot méta-physique avait donc un sens simplement éditorial : les livres d'Aristote qui arrivent après ceux qu'il a consacrés à la physique (meta ta Phusika). Mais les platoniciens ont voulu y voir la discipline qui porte sur les réalités au-delà de la physique
29 Ernst Mach (1838 / 1916) est un physicien et philosophe autrichien.
La plupart de ses recherches dans le domaine de la physique furent consacrées aux interférences, à la diffraction, la polarisation et la réfraction de la lumière dans différents milieux sous des influences externes. Connu pour avoir en 1877 décrit correctement les effets des ondes de choc observés lors du déplacement supersonique d'un projectile. Désormais, on appelle nombre de Mach le rapport vp/vs entre la vitesse du projectile et la vitesse du son.
30 Comme déjà dit plus haut : Il explique l’expulsion de l’électron par sa collision avec une seule « quantité d’action »qui serait d’une énergie équivalente à celle que la somme des vagues était censée produire en une seconde. Comme si, cette succession de vagues se confondait en un instant dans cette « quantité d’action » ou « quantum d’action »
31 Rappelons-nous ! Plus les vagues sont courtes, plus évidemment leur nombre est grand en un temps t donné, et donc plus l’énergie est grande en ce même temps.
32 Parmi les 2 propositions p et non-p (ou toute autre paire de propositions), en l'absence de système de logique formelle, on pourrait en théorie avoir l'un des 3 cas suivants:
Le principe de non-contradiction qui fonde la logique formelle rejette le cas 2 pour une paire de propositions qui sont la négation logique l'une de l'autre : on ne peut penser p et non-p vrais à la fois. Le principe du tiers-exclu rejette le cas 3 : on ne peut penser que p ou non-p, il n'y a pas de troisième cas hypothétique.
34 Une remarque en passant !!! La caverne de Platon est une très belle et explicite allégorie au détail près qu’elle décrit les hommes captifs et abusés par leur sens et où la lumière symbolise le monde des idées et qu’il faut donc l’inverser pour qu’elle rende compte de la vérité. L’humanité est aliénée à un idéalisme (de fait pour une grande part celui là même de Platon !) qui lui fait croire aux arrières mondes (c’est ceux là qui sont visibles sur le mur) alors que la seule lumière possible ne peut nous être accessible qu’à l’extérieur et à travers nos sens, d’évidence du temps de notre vie et certainement pas après notre mort !
35 Ingénieur, physicien spécialisé en thermodynamique, professeur émérite de la faculté des sciences à l'université de Bruxelles, né le 17 octobre 1904 et décédé le 23 juin 1999. Compagnon d’Ilya Prigogine dans des recherches, menées pendant plus de vingt ans qui vaudront à ce dernier le prix Nobel de chimie pour ses contributions à la thermodynamique hors équilibre, particulièrement la « théorie des structures dissipatives » ouvrage qu’il cosignera.
36Albert Einstein Comment je vois le monde, Flammarion Paris (1958) p.93 et p. 153
37 Fragments : Les voies de la vérité dans : « Les penseurs grecs avant Socrate » Traduction de Jean Voilquin, Garnier Flammarion Paris 1964 pp. 94,95.
38 Héraclite, cité par Clément d’Alexandrie, Stromates, V, 105 ; Pléiade, « Les présocratiques » p ; 153
39 Simplicius, « commentaire sur la physique d’Aristote La pléiade Les Présocratiques » p. 308
40 Mélissos de Samos, philosophe présocratique, homme politique et amiral ionien de Grèce antique, dernier représentant de l'école éléatique.
41 Un porphyre est un terme assez général pour désigner toute roche magmatique filonienne, qui présente une texture caractérisées par de grands cristaux de feldspath noyés dans une pâte aphanitique (Concerne principalement les roches magmatiques dont le grain n'est pas visible à l'œil nu)
42 Mouvement rationaliste d'émancipation de l'homme, l'Aufklärung se rattache par de nombreux aspects à l'humanisme de la Renaissance. Ses précurseurs du siècle précédent sont Descartes, Bacon, Newton, Hobbes, Locke, Spinoza, Leibniz.
43 Cette hypothèse ici formulée n’engage que moi. Elle n’est qu’une tentative (ludique !) de pousser le raisonnement de Miedzianagora et donc d’en déduire une « solution » cohérente…Il donne lui-même, concernant l’effet photo électrique, une interprétation plus élaborée que nous verrons un peu plus loin…
44 Par la suite i.ph. désignera infraphoton.
45 Dans les années 40, le physicien Ralph Alpher avait essayé d’apporter une preuve de son existence, en prédisant que l’ensemble de l’Univers devait être baigné d’un faible rayonnement électromagnétique ce que deux radioastronomes, Penzias et Wilson finirent par découvrir en cherchant tout autre chose ; ils n’arrivaient pas à s’affranchir d’un bruit persistant… !!!
46Exemple de cette mécanique.
Principes :
1) Des i.ph entrent en collision avec des électrons et déplacent ceux-ci.
2) Les électrons déplacés entrent en collision avec d’autres électrons.
3) La composante non élastique de ces collisions entre électrons consiste en une libération d’i.ph redressés ; un flux d’i.ph.
4) Ces flux d’i.ph par les poussées qu’ils exercent en rencontrant les masses subatomiques déplacent celles-ci.
S’il s’agit d’attraction, celle d’un aimant par exemple :
a) de l’aimant des i.ph partent vers le matériau sensible ;
b) ces i.ph entrent en collision avec des électrons de ce matériau ;
c) ces électrons entrent en collision avec d’autres électrons dudit matériau ;
d) la composante non élastique de ces dernières collisions consiste en un flux d’i.ph redressés qui vont dans la direction opposée à celles des i.ph venus de l’aimant ;
e) ces derniers flux d’i.ph impulsent une poussée aux masses subatomiques du matériau sensible dans la direction de l’aimant ;
Tout ceci implique certaines localisations particulières des électrons dans les molécules des matériaux :
Soit des aimants eux-mêmes ;
Soit des matériaux (qu’ils attirent ou au contraire n’attirent pas). »
47 Particules virtuelles et particules réelles
Les particules virtuelles possèdent des propriétés qui diffèrent des particules réelles.
Les particules virtuelles et réelles sont identiques. Toutes leurs propriétés intrinsèques sont les mêmes.
Les particules virtuelles apparaissent puis disparaissent rapidement, donc ne peuvent être observés.
Les particules virtuelles ne respectent pas la conservation de l'énergie. Pour une fluctuation dans le vide, par exemple, il y a au départ une absence de particule, puis apparition d'une particule avec une certaine énergie puis disparition. La conservation de l'énergie est donc violée « un bref instant », mais la durée d'existence de la particule est compatible avec les relations d'incertitudes. L'énergie d'une particule virtuelle peut être négative.
48 Le 14 mars 2013, le CERN publie un communiqué de presse dans lequel il indique que le nouveau boson découvert
« ressemble de plus en plus » à un boson de Higgs, même s'il n'est pas encore certain qu'il s'agisse du boson de Higgs du modèle standard
49'L’effet de la gravitation est supposé se propager à une vitesse infinie dans la théorie de Newton, alors que la vitesse de la lumière est la vitesse maximale pour toute interaction selon la relativité restreinte. Mais depuis la relativité générale, la gravitation n'est plus perçue comme une force d'attraction, mais plutôt comme une manifestation de la déformation de la géométrie de l'espace-temps sous l'influence des objets qui l'occupent ; les déformations de l'espace-temps prévues sous l'effet des corps massifs, quand ceux-ci ont une forte accélération, ne se propagent pas plus vite que la vitesse de la lumière, ce qui résout le paradoxe de l'instantanéité apparente de l'interaction newtonienne. Il en résulterait des ondes gravitationnelles, (cela ne vous rappelle rien ?) qui restent encore à observer (sic !).
50Le concept d’antitypie, depuis les stoïciens, est utilisé notamment par Leibniz et désigne « la résistance ou l’inertie » ; mais encore « ce par quoi la matière peut être dite dans l’espace puisqu’elle exprime le Situs des substances », mais c’est encore « l’impénétrabilité, « qui oppose un corps aux autres » expliquant la résistance. L’antitypie avec l’inertie et l’étendue définissent ensemble la matière première.
51…, et non « poussières d’étoiles » comme certains « savants » ont jugé utile de nous inculquer !
52 « Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. » (Ancien Testament Le Pentateuque - Genèse 1)
53 Friedrich Nietzsche Ecce Homo « Pourquoi je suis une fatalité ? »
54 « Ecce homo », rédigé à l’automne 1888, monument sublime et dérisoire d’autocélébration, ultime tentative paradoxale pour se relier au monde ne peut, de mon point de vue, qu’en attester…. Il sombrera, d’ailleurs, dans la folie, en janvier 1889, quelque mois seulement après l’avoir achevé
55 La charia dérive de la racine arabe « šarʿ », qui signifie à l’origine « la voie qui mène à l’eau », ce qui peut être interprété comme « la voie qui mène à la source de la vie ». Utilisé dans un sens religieux, ce terme signifie « la voie vers Dieu », car le but de la vie d’un musulman est Allah (Dieu).
56 Les grandes firmes multinationales (FMN) ou transnationales (FTN) jouent un rôle essentiel dans le processus de mondialisation. Originaires à plus de 80 % des pays riches du Nord (même si le nombre de FTN du Sud est en constante augmentation), elles dominent les échanges internationaux et s'appuient sur des centaines de milliers de filiales. En 2011, les 82 000 FTN que compte la planète ont réalisé plus du quart du PIB mondial. À elles seules, elles détiennent 1/3 de la production mondiale, 2/3 des IDE (investissements directs étrangers) et les 2/3 des échanges mondiaux.
57 La base de données pour l'analyse structurelle de l'industrie STAN (STructural ANalysis Database) couvre 49 branches du secteur manufacturier dans 22 pays de l'OCDE sur la période 1978-1997. C'est, à ce jour, une des bases de données internationales les plus complètes dans ce domaine. Elle comprend des estimations comparables aux comptes nationaux pour les mesures d'activité industrielle suivantes : production, valeur ajoutée (en prix courants et constants), formation brute de capital fixe, emploi, rémunération de la main-d’œuvre, exportations et importations.
58 Selon Raoul-Marc Jennar, essayiste anti-libéral, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques en anglais OCDE) constitue un « véritable bureau d’études des pays industrialisés, qui propage la doctrine néolibérale, juge les politiques des États membres et propose des accords orientés dans le sens d’un dépérissement des pouvoirs publics et d’une autonomie des acteurs privés »
60 Les 15 et 16, la grève gagne les usines Renault de Cléon et Sandouville (Seine-Maritime), Flins et Boulogne-Billancourt. Progressivement, jusqu'au 22 mai, et sans mot d'ordre syndical national, le mouvement s'étend. Le pays se retrouve paralysé par 7 millions de grévistes déclarés (sans compter les salariés en chômage technique, ou bloqués par le manque de transports). Dans les usines, les bureaux, les services publics, les transports, tous cessent le travail. Il s’agit d’une situation inédite : en 1936, les grévistes n'avaient été que 2 millions, et seul le secteur privé avait été touché.
61 Il est possible de les consulter sur un site qui leur est dédié : http://users.skynet.be/ddz/mai68/index.html
62 Sous-titrée « On arrête tout, on réfléchit, et c'est pas triste », elle narre un abandon utopique, consensuel et festif de l'économie de marché et du productivisme. La population décide d'un certain nombre de résolutions dont la première est « On arrête tout » et la deuxième « Après un temps d'arrêt total, ne seront ranimés - avec réticence - que les services et les productions dont le manque se révélera intolérable. Probablement : l'eau pour boire, l'électricité pour lire le soir, la T.S.F. pour dire " Ce n'est pas la fin du monde, c'est l'AN 01, et maintenant une page de Mécanique céleste " ». L'entrée en vigueur de ces résolutions correspond au premier jour d'une ère nouvelle, l'An 01.
. (source wikipédia)
63 Le mouvement des Indignés (Indignados en espagnol) ou Mouvement 15-M1 est un mouvement assembléiste et non violent né sur la Puerta del Sol, en Espagne, le 15 mai 2011, rassemblant des centaines de milliers de manifestants dans une centaine de villes2, se prolongeant par divers modes d’action (campements, marches) jusqu'à aujourd’hui. S’en est suivi une série de manifestations pacifiques, rassemblant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de personnes, organisées sur les réseaux sociaux et des sites web dont « ¡Democracia Real Ya! » (Une vraie démocratie, maintenant), auxquels se sont joints de 2004 à 500 organismes soutenants, parmi lesquels les collectifs ATTAC, Anonymous, NoLesVotes et Juventud Sin Futuro (« Jeunesse sans avenir »). Source wikipédia
64 « Lorsque le pouvoir, le luxe et l'argent deviennent des idoles, ils prennent le pas sur l'exigence d'une distribution équitable des richesses. C'est pourquoi il est nécessaire que les consciences se convertissent à la justice, à l'égalité, à la sobriété et au partage. » Message du pape François pour le Carême en 2014 .
65 …à caractère schizophrénique (le mot schizophrénie est formé de deux parties venant du grec «schizo» qui veut dire fractionnement et de «phrénie» qui désigne l’esprit) !
66 En terme marketing, on nomme ceci la « customisation » : Terme anglais francisé. Adaptation de l'offre de produits jusqu'à la personnalisation, de manière à répondre aux attentes spécifiques des consommateurs. Chacun d'entre eux étant considéré comme une combinaison unique de caractéristiques, la stratégie marketing n'intègre plus la segmentation du marché, si ce n'est pour considérer autant de segments que le marché compte de consommateurs. L'évolution de la gestion de production et le recours à l'informatique participent pour beaucoup à cette possibilité de « personnalisation de masse » (sic !)
67 « Sur la télévision et Le champ journalistique par Pierre Bourdieu » http://www.singulier.eu/triptyque.html Références/Vidéos
68 La doxa (du grec δόξα, doxa, « opinion », « conjecture ») est, dans la philosophie de Parménide, l'opinion confuse que l'on se fait sur quelqu'un ou sur un aspect de la réalité, par opposition au vrai chemin d'accès à la vérité : l'Être qui est.