Pourquoi écrire ?

Les mots et leur sens sont au coeur de nos capacités réflexives. Ils nous offrent la distance indispensable à toute tentative d’auto compréhension et en sont les traces préservées de nos avancées et de nos reculs…Mais notre époque, rétrécie à l’instantanéité, ne s’interroge plus sur elle-même que dans un présent sans cesse reconduit. Nous ne tentons de nous comprendre que par le commentaire de nos propres limites (il n’est pas possible de percevoir la forme du réceptacle sans la conscience d’y être contenu et sans ensuite tenter de s’en extraire …).
Autrement dit ce que nous nommons réalité n’est qu’une représentation discursive de ce que nous pensons percevoir. Notre immersion à la naissance dans ces représentations, « conversion inconsciente de la nature en histoire au service des pouvoirs dominants », tend à nous enfermer définitivement dans l’illusion « d'une humanité immuable, définie par une identité infiniment recommencée » (Roland Barthes / Mythologies, Seuil, Paris1957). En nommant le « réel » nous le « définissons » ce qui signifie étonnamment que nous en établissons une connaissance tout en en fixant la limite (cf. étymologie/du latin de-finire: définir, définition, définitif). La compréhension du monde serait elle donc « définitivement » réduite à ce que nous croyons en discerner ? Pourtant l’analyse critique de l’histoire et de l’évolution des mots permet de révéler l’ampleur de nos enfermements. Très souvent la seule confrontation de leur étymologie (et de l’évolution de leur usage) avec leur sens (ou leur manque de sens) actuel révèlent d’étonnantes confusions et contribuent ainsi à mettre à nu la fausseté de nos aprioris.
Les textes que je livre ici sont une tentative de résistance, une « hétérodoxie », à ce processus d’aliénation qui génère aujourd’hui le déploiement d’une invraisemblable stupidité sur la totalité de notre monde, une « non civilisation » qui s’auto légitime par sa seule modernité (qu’elle ose appeler progrès), alors qu’elle n’est en fait qu’immense régression. On pourrait la nommer «totalitarisme marchand» ou «marchandisation globale» même si cette appellation est plus un constat qu’une explication ! En fait « Le Capitalisme » est tout simplement devenu «L’Idéologie». Et cet asservissement procède d’une pernicieuse spécificité : Il est dissimulé derrière l’essor de « la démocratie », enfin de ce que l’on nous « vend » comme tel ! Car en quelques décennies, au coeur de l’organisation politique et économique mondialisée de nos sociétés, le consommateur s’est définitivement substitué au citoyen et le financier au tyran.
La confusion est absolue ! Ceux que nous croyons élire pour défendre nos libertés sont devenues les instruments de notre esclavage et prônent, sans vergogne, le modèle économique et social qui nous aliène comme l’ultime rempart à notre déclin. Ils organisent l’insane exploitation des ressources naturelles (la nature, notre nature comme magasin) pour alimenter une absurde productivité du rien, favorisent le démantèlement de nos droits sociaux en les nommant privilèges, au nom de notre sécurité réduisent sans cesse notre espace de liberté, et à présent nous désignent responsables des dettes financières et des dégradations environnementales directement consécutives à leur impéritie.
Prétendre décrire et surtout publier, cet « impensable » de là où je parle, soit en fait de nulle part puisque dans la hiérarchie des paroles la mienne est sans statut, peut être perçu comme un inutile et prétentieux défi. Mais cela m’est égal car cette action (écrire) est nécessairement et paradoxalement l’unique possibilité de déconstruction de la doxa et ce n’est évidemment pas les thuriféraires en place qui le feront. C‘est par mon éloignement de l’intellectuel pouvoir que je suis peut être à même de produire des mots (du bas latin muttum «son émis» et mutus «son, bruit de voix sans signification» et de les rendre signifiants et acérés face au non sens avéré de la «parole» et du «verbe» contemporains uniquement produits et portés par le vent dominant. Ainsi l’étymologie m’offre la plus belle des légitimités…..
Les textes proposés sur ce site ne sont que l’ébauche d’une indispensable remise en question globale de notre conception du monde; le travail intellectuel indispensable à son approfondissement n’est pas de mes compétences et nécessiterait qu’une génération entière d’intellectuels convaincus s’y attèle. L’espoir serait de «croire» à une telle révolution !

Le 30 avril 2012
Singulier.eu

Requête

Depuis plus de six ans, sur ce site, je publie mes textes en libre accès sans autre retour que les statistiques de fréquentation que me fournissent les « outils  Google ». Et de ces résultats  je peux présumer qu’un nombre conséquent de personnes lisent sans doute ce que j’écris.
N’ayant aucun goût aux « débats » ou/et polémiques, la plupart du temps stériles, que génèrent les commentaires en ligne je me suis bien gardé d’en offrir la possibilité.
Mais, bien que défendant l’idée que seul le texte compte, je dois bien admettre que je ne suis pas indemne du besoin de satisfécit… Alors rattrapé par un lourd sentiment d’inutilité je me risque aujourd’hui à solliciter quelques mots d’encouragement, tout particulièrement à ceux, s’il y en a, qui ont été jusqu’au bout de mes textes les plus longs.
Par avance merci !
Email: contact@singulier.eu

Le 9 décembre 2018

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