Je ne me reconnais pas de maîtres à penser et m’insurge facilement contre ceux qui prétendent  s’en attribuer le « label ». Alors pas plus d’eux que de dieux ! Par contre les mentors(1) sont,  de loin, bien plus  fréquentables, voire même indispensables.  Au pluriel  bien sûr  pour se contredire et  ainsi perdre en incontestable sagesse ce qu’ils offrent  en temporaire autorité. 
Réfléchir c’est nécessairement penser à plusieurs et seul, nous appartient vraiment,  le choix de qui fait ou non partie du groupe. Voici donc ceux qui composent le  mien dans cette entreprise,  à qui j’exprime toute ma gratitude et que je salue ici humblement :

  1. Alain Rey pour son immense culture, son regard libertaire sur la langue française, et ce livre indispensable à qui veut comprendre un minimum le sens des mots qu’il utilise (Le dictionnaire historique de la langue Française. Le Robert) et dans lequel  je puise en permanence pour alimenter et légitimer ce qu’il m’arrive de penser
  2. Pierre Bourdieu, sociologue transgressif et rebelle, inlassable travailleur du dévoilement de nos plus intimes aliénations sociales, dont l’œuvre est indûment critiquée tant elle s’attaque frontalement aux  pouvoirs dominants.
  3. Michel Onfray, pour son iconoclaste audace intellectuelle, son athéisme revendiqué, ses assauts chevaleresques contre les moulins à vents des pensées dominantes, sa communicative passion du « gai savoir » et son incroyable dépense d’énergie au service de la démocratisation de la philosophie, sans qui je n’aurais certainement jamais envisagé d’écrire la moindre ligne.
    Cette appréciation date de juillet 2012 et fin 2015 je me trouve au grand regret de devoir la relativiser… Qu’il ne semble pas conscient que la stimulation narcissique inhérente à la surexposition médiatique soit incompatible avec la prétention philosophique relèverait de l’énigme à moins de la considérer comme le signe d’une grande fragilité existentielle ! La médiocrité intellectuelle et l’artificielle violence polémique qui règnent en maitres dans les pseudo-débats télévisuels auxquels il se prête sans retenu le discrédite chaque fois un peu plus et le réduit au statut de simple commentateur de l’actualité. In fine, il ne sert, à son insu, qu’à nourrir le moloch médiatique et participe ainsi à renforcer ce qu’il prétend pourtant combattre. Désolant !
  4. Fréderic Lordon, économiste décalé, lumineux pourfendeur des « vérités » économiques institutionnelles, dont chaque (rare) intervention médiatique produit une intense jubilation, et dont j’ai tout particulièrement apprécié le site web au point de m’en inspirer (en espérant qu’il ne m’en tienne pas rigueur….).
  5. Emmanuel Todd, pour son point de vue d’ethnologue démographe outrepassant son domaine de réserve et déboulant sur le champ politique, économique et médiatique, pour son arrogance de timide et ses flamboyantes prédictions, pour sa constance dans la radicalisation de son discours et pour sa brutalité médiatique explosant en direct les thuriféraires compassés.
  6. Henry Laborit, médecin, chirurgien, neurobiologiste et philosophe(excusez du peu) pour son immense curiosité intellectuelle, pour sa capacité (exceptionnelle à son époque) à développer une pensée globale et une approche naturaliste du comportement social.
  7. Jean Pierre Luminet, astrophysicien poète (ou bien l’inverse) pour m’avoir guidé dans l’infini, pour avoir mis de l’intelligence là où la raison s’arrête, et démontrer que l’on peut observer l’univers sans s’aliéner au divin.
  8. La liste n’est pas exhaustive et ne manquera pas de s’allonger si ma petite besogne d’écriture se poursuit…..
  9. Je tiens, également ici, à témoigner de la chance que j’ai de vivre au temps de Wikipédia…Je considère cette possibilité offerte à tous d’un accès,  instantané et gratuit,  à une telle somme d’informations, sur n’importe quels sujets, de plus collectivement produite, comme peut être l’événement majeur dans la libre diffusion des connaissances. La violence diffamatoire et pernicieuse des critiques dont cette encyclopédie est l’objet depuis sa naissance  (en janvier 2001) est, à contrario, plutôt de nature à démontrer  sa validité et  surtout  son caractère subversif. Tant le savoir est Le capital objectif et symbolique  majeur  des dominants, quels qu’ils soient, et doit être protégé de toute « souillure » (2) issue de classes sociales non autorisées et ne peut en aucun cas être mis, librement et sans intermédiaire, à leur disposition, et encore moins  soumis à leurs rectifications non estampillées.
    J’assume donc pleinement mon utilisation permanente et obligée de Wikipédia, au risque évident de décrédibiliser irréversiblement  mes propos auprès de la majeure partie des milieux intellectuels, ce dont naturellement je me « contrefous comme d'une guigne… ! »

 


(1) Rappelons que le nom commun (1749) vient du nom propre Mentor (en grec Mentôr), héros  de L’Odyssée d’Homère, ami d’Ulysse, dont Athéna emprunta les traits pour accompagner et instruire Télémaque. Aujourd’hui il s’emploie à propos d’une personne servant de conseiller sage et expérimenté, spécialement de la personne qui prend soin de l’éducation d’un jeune homme (dans Saint Simon). Ce que, mis à part mon âge, tous, ci-dessus, ont été pour moi….
(2Robert McHenry, ancien rédacteur en chef de l’Encyclopædia Britannica a dit:
"l'utilisateur qui visite Wikipédia pour se renseigner sur un certain sujet, pour confirmer un point de vue, est plutôt dans la position d'un utilisateur de toilettes publiques. Celles-ci peuvent manifestement être sales, ainsi il devra être très prudent, ou elles peuvent sembler assez propres, de sorte qu'il puisse être rassuré par une apparence de propreté. Ce qu'il ne sait certainement pas, est : qui a employé les toilettes avant lui." (McHenry, 2004).

Quelques ouvrages essentiels de tous ces auteurs (et même quelques textes) sont exposés sous l’onglet :  Références

 

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